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Yvan Benedetti réactive un groupuscule nationaliste avec le soutien de Jean-Marie Le Pen

A Lyon, c’est un week-end chargé pour les militants de l’extrême droite radicale. Yvan Benedetti invite notamment les militants du Parti nationaliste français (PNF). Deux ans après la dissolution de l’Oeuvre française et des Jeunesses nationalistes d’Alexandre Gabriac, la réactivation de ce nouveau groupuscule montre l’efficacité toute relative de ce type de mesure administrative.

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Benededetti - Gagon - Gabriac

Benededetti - Gagon - Gabriac
Yvan Benedetti et Alexandre Gabriac en 2014, lors des élections municipales à Vénissieux, quelques mois après la dissolution de leurs mouvements. Crédit : Aude David / Rue89Lyon

Ce samedi à Lyon, l’extrême droite nationaliste va alterner festivités et travaux militants. Une « fête des patriotes » aura pour thème « Halte à l’invasion, foutons-les dehors », suivie dimanche du premier « haut conseil nationaliste » du Parti nationaliste français.

Le lieu de ces réunions reste inconnu mais, dans les deux cas, c’est Yvan Benedetti qui invite. Rien de surprenant. Malgré la dissolution en juillet 2013 de l’Oeuvre française et des Jeunesses nationalistes, Yvan Benedetti et Alexandre Gabriac nont jamais cessé leurs activités politiques.

Chose nouvelle, ils se sont dernièrement rapprochés d’autres nationalistes pour réactiver un groupuscule.

Dans un communiqué délivré ce vendredi en début d’après-midi, le préfet du Rhône, Michel Delpuech, annonce avoir pris un arrêté préfectoral interdisant pendant tout le week-end, dans le département du Rhône, « tout rassemblement, manifestation ou réunion sur la voie publique » en lien avec cette « Fête des patriotes » :

« Cette interdiction est justifiée par le fait que cette initiative, qui n’a fait l’objet d’aucune déclaration, fait apparaître la participation de dirigeants de mouvements dissous tels que « l’Oeuvre française » et « les Jeunesses nationalistes », qu’elle présente dans le contexte actuel un réel risque de trouble à l’ordre public, et qu’elle véhicule des messages contraires aux valeurs de la République ».

En clair, l’extrême droite radicale ne pourra pas parader dans les rues de Lyon ce week-end.

Il s’agit d’une mesure préfectorale préventive : les nationalistes n’avaient pas prévu de manifester ou de se rassembler sur la voie publique.

La « refondation » du Parti nationaliste français avec Jean-Marie Le Pen pour soutien

Le PNF, pour « Parti nationaliste français », est un vieux groupuscule français créé en 1983. Mis en sommeil, il a été réactivé en 2015 par un ancien du Front national, André Gandillon, qui en est devenu le secrétaire général. Son « congrès de refondation » a eu lieu le 1er novembre dernier à Paris. Avec la bénédiction de Jean-Marie Le Pen.

Lui les connaît bien : les principaux dirigeants ont milité au FN, avant d’en partir ou d’en être exclus avec l’arrivée de Marine Le Pen. Comme cela est arrivé pour Benedetti ou Gabriac.

Dans une lettre manuscrite publiée par Europe 1, l’ancien président du FN écrit, dans un style qui lui est propre :

« Le tsunami migratoire rend nécessaire une mobilisation générale des patriotes et la coordination de tous les mouvements nationaux. Chacun d’eux doit être de plus en plus fort dans son secteur. C’est tout ce que je souhaite à votre congrès en ces temps où la fête des morts annonce la résurrection. »

Plus d’une centaine de personnes étaient présentes à ce congrès parisien. On peut estimer qu’ils seront aussi nombreux à Lyon pour ce premier « haut conseil nationaliste ».

Le propos politique reste celui porté par l’Oeuvre française. Une économie « orientée au service de la nation », « un gouvernement qui ne se réalise pas par l’élection » ou encore « l’hérédité du naturel Français ».

En bref, c’est la France du maréchal Pétain toujours considérée comme modèle.

Yvan Benedetti et Alexandre Gabriac fournissent les troupes

Yvan Benedetti et Alexandre Gabriac étaient présents au congrès parisien et fournissent l’essentiel des forces militantes.

Si Alexandre Gabriac se montre très discret, Yvan Benedetti fait quant à lui la promo de son nouveau groupuscule, comme lors d’une manifestation à la frontière franco-italienne avec les néo-fascistes de Forza Nuova, le 20 février dernier.

Inefficacité de la dissolution ?

Après la dissolution de l’Oeuvre française et des Jeunesses nationalistes, en août 2013, nous nous posions la question de l’efficacité de ce type de mesure.

Yvan Benedetti réactivait en effet « Jeune Nation », un site Internet, qui est rapidement devenu une organisation de fait pour accueillir les ex-militants des deux groupuscules dissous.

Nous nous reposions la question, lors de l’inauguration de leur local dans le Vieux Lyon il y a un an et demi.

L’ouverture de ce local dans ce quartier revendiqué par l’extrême droite radicale n’était qu’un épisode de plus dans la poursuite d’activités politiques menées conjointement par Alexandre Gabriac et Yvan Benedetti. En mars 2014, ils se présentaient aux élections municipales à Vénissieux. Une élection qui a par ailleurs été invalidée.

Ils ont continué à animer leur groupe militant, comme avant ou presque, en tenant de nombreuses réunion partout en France. Le Petit Journal s’était d’ailleurs moqué de l’efficacité de cette dissolution.

S’ils ont arrêté les manifestations à Lyon, Yvan Benedetti et ses camarades ont toutefois tenu à apporter un soutien public aux huit individus poursuivis et condamnés pour avoir tabassé à coups de batte de baseball un couple identifié comme « gauchiste ».

Dans une chronique parue dans Charlie Hebdo, en date du 11 novembre 2015, portant sur le congrès de refondation du Parti nationaliste français (PNF) du 1er novembre dernier à Paris, Jean-Yves Camus se montrait pessimiste.

Pour ce spécialiste de l’extrême droite, cette refondation « montre que la dissolution des groupes radicaux est vaine » :

« Soyons réalistes : l’histoire montre le caractère insubmersible de l’extrême droite de marge. Dictées par émotion suscitée lors de l’affaire Clément Méric et par les violences intervenues à la franque des manifestations contre le mariage gay, les dissolutions de 2013 étaient un acte autant politique que juridique. Sauf naïveté insondable du pouvoir, elles ne visaient pas à éradiquer l’ultra-droite, elles ne le pouvaient pas ».

« Reconstitution de ligue dissoute »

Yvan Benedetti et Alexandre Gabriac ont préféré rester sagement en dehors des instances dirigeantes de ce Parti nationaliste français, même s’ils fournissent l’essentiel des forces militantes.

L’idée étant de ne pas se faire condamner pour « reconstitution de ligue dissoute ».

Après les dissolutions de 2013, les ex-dirigeants de l’Œuvre française et des Jeunesses nationalistes savaient qu’ils s’exposaient à des poursuites pénales pour « reconstitution de ligue dissoute ».

Quelques jours après l’inauguration de leur local, Yvan Benedetti était mis en examen à Lyon pour « reconstitution de ligue dissoute » par le juge d’instruction en charge du dossier. Le lendemain, C’était au tour d’Alexandre Gabriac de connaître le même sort.

Depuis ces deux mises en examen, les condamnations tombent pour d’autres affaires :

Intégrer un parti politique déjà existant et ne pas figurer dans l’organigramme officiel du parti pourraient donc leur fournir un argument dans le cadre d’un potentiel procès pour « reconstitution de ligue dissoute ».

>Article mis à jour le 11/03 à 14h45 avec le communiqué de la préfecture du Rhône.

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#Alexandre Gabriac

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