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Huit ans après le « Plan Campus », la rénovation de La Doua va enfin démarrer

« On ne savait pas vraiment comment financer ce Plan Campus »

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Souvenez-vous, c’était un an après l’élection de Nicolas Sarkozy. Valérie Pécresse alors ministre de l’Education Nationale lançait le « Plan Campus », vaste projet de rénovation immobilière des universités françaises.

Le campus LyonTech La Doua (selon son nom officiel), plutôt vétuste, était l’un des premiers retenus en 2009. Mais le bouclage du financement a été ardu et la rénovation sera au final moins importante qu’espérée initialement. Elle a été officiellement lancée ce vendredi 5 février et modifiera malgré tout le visage et l’organisation de ce grand campus de Villeurbanne à l’horizon 2020.

 

Le patio et les bâtiments Mendel et Omega seront rénovés progressivement entre 2017 et 2019.© Kaupunki
Le patio et les bâtiments Mendel et Omega de l’Université Lyon 1 seront rénovés progressivement entre 2017 et 2019. © Kaupunki

 

Vendredi 5 février, la ministre de l’Education Nationale Najat Vallaud-Belkacem, a conclu au micro la matinée de présentation et d’auto-congratulations d’usage du lancement officiel de l’opération de rénovation « Lyon Cité Campus » à La Doua.

Elle a insisté sur « le partenariat exemplaire » qui assure aujourd’hui le financement de la rénovation du campus de LyonTech La Doua.

Pour le coup, l’allusion n’était peut-être pas si anodine et convenue. Si les travaux de rénovation du campus de La Doua sont enfin lancés, trouver leur financement a été long.

Retenu en 2009, le site de La Doua se voit alors doté d’un capital de 575 millions d’euros dont les intérêts doivent rapporter chaque année 25 millions d’euros à l’Université de Lyon pour mener à bien la rénovation de La Doua et du campus Charles-Mérieux de Gerland et d’une partie de celui des Berges du Rhône (universités Lyon 2 et Lyon 3).

A l’époque, on annonce les travaux pour l’année 2011 et des premières livraisons en 2013. Mais en 2011 du retard est déjà pris. Valérie Pécresse vient d’ailleurs sur place pour tenter de faire avancer le projet ou du moins regretter publiquement son retard.

Parce que c’est bien le cahier des charges fixé par le « Plan Campus » qui pose problème. Il imposait aux universités de recourir aux fameux partenariats public-privé (PPP) pour réaliser leurs opérations de rénovation.

Les entreprises privées de construction assurent la réalisation et la maintenance des bâtiments en contrepartie de loyers versés par l’acteur public.

A Lyon, comme dans d’autres grandes villes universitaires retenues, un tel montage financier, auquel participe la Métropole et la Région, a peiné à se mettre en place. Vendredi, Eric Maurincomme, directeur de l’INSA de Lyon qui occupe une grande partie du campus de La Doua, avouait vendredi qu’en 2012, peu de temps après sa prise de fonction, « on ne savait pas vraiment comment financer ce plan ».

Une rénovation moins importante qu’espérée

En cours de route, les règles ont changé. A partir de 2012, le recours aux PPP est délaissé et l’État encourage plutôt le recours à la maîtrise d’ouvrage publique (MOP). Le montage est alors ficelé en 2013 avec des partenaires prêteurs publics : Caisse des Dépôts et Banque Européenne d’Investissements.

Le projet ne devient opérationnel qu’en 2014, soit déjà six ans après le lancement du grand « Plan Campus » national et cinq après que Lyon ait été retenue. Au final, la rénovation du campus de La Doua se fera bien en MOP quand celle du campus Charles-Mérieux de Gerland (également dans le Plan Campus) se fera malgré tout sous forme de PPP.

Au-delà du montage financier, les arbitrages pour arrêter le choix des bâtiments à construire ou à rénover ont aussi pris du temps. Le temps filant, les coûts évoluent mais le budget n’est pas extensible. Quand le projet devient opérationnel, la voilure a déjà été réduite et le budget ne permet pas de tout financer. Initialement, une trentaine de bâtiments devaient être réhabilités sur le campus pour 200 000 m² de surface au total, ils ne seront finalement que 22 pour une surface de 140 000 m² (voir la carte au début de l’article).

« Il a fallu cinq années d’études pré-opérationnelles », a résumé pudiquement Khaled Bouabdallah, président de l’Université de Lyon.

Au final, la partie du plan « Lyon Cité Campus » pour le campus de La Doua est estimé à 343 millions d’euros assumés en grande partie par l’État (260,5 millions) ainsi que par la Métropole de Lyon (42,5 millions d’euros) et la Région dans le cadre d’un contrat de plan Etat-Région (40 millions d’euros).

Un « éco-campus » redistribué en pôles scientifiques d’ici 2020

La rénovation du campus de La Doua, construit à partir de la fin des années 1950, devrait s’achever en 2020.

Mais ce n’est au final que le tiers d’un campus, vétuste dans son ensemble, qui sera rénové.

Une vingtaine de bâtiments seront réhabilités, neuf seront construits. Cela concernera les trois principales institutions du campus : l’Université Claude Bernard Lyon 1 (UCBL), l’Institut National des Sciences Appliquées de Lyon (INSA) et l’Ecole Supérieure de Chimie Physique Electronique (CPE).

Des opérations, notamment sur le site de l’INSA, ont d’ailleurs déjà débutées. C’est le cas de la Tour A.

La construction de la Tour A sur le site de l'INSA a été débutée, financée dans le cadre du plan Campus et du Contrat de Plan Etat-Région. © Photo BE/Rue89Lyon
La construction de la Tour A sur le site de l’INSA a été débutée, financée dans le cadre du plan Campus et du Contrat de Plan Etat-Région. © Photo BE/Rue89Lyon

Et des premières réalisations ont déjà été livrées comme la « coulée verte », voie piétonne et cyclable qui traverse le campus.

Le projet de rénovation concernera essentiellement les quartiers scientifiques. L’ambition est double :

  • développer « un éco-campus »
  • constituer de véritables pôles scientifiques

Ainsi, sur les bâtiments concernés, un important travail d’isolation sera mené, à l’image du bâtiment Chevreul de l’UCBL dédié à la chimie. L’objectif est de réaliser 40 % d’économie sur la facture de chauffage. Les toitures seront végétalisées et une gestion innovante des eaux de pluie et de surface doit permettre de les récupérer, les stocker et les réutiliser en totalité.

Les réhabilitations extérieures conserveront les lignes architecturales des bâtiments actuels. Les nouvelles constructions, à l’image de la Tour A ci-dessus, s’y adapteront. Visuellement, l’aspect extérieur des bâtiments concernés ne sera donc pas révolutionné. Comme ici le bâtiment Grignard de l’UCBL.

Un changement, moins visible mais tout aussi important, concernera l’organisation géographique des différents départements.

Le campus sera ainsi structuré autour de six quartiers scientifiques :

  • la chimie
  • la physique
  • la biologie
  • les mathématiques
  • l’informatique
  • l’ingénierie.

L’idée est de regrouper étudiants et enseignants-chercheurs par discipline alors qu’ils sont à l’heure actuelle éparpillés sur différents bâtiments.

Malgré l’ancienneté générale du campus ce sont les bâtiments scientifiques qui sont essentiellement concernés par ce plan de rénovation, ainsi que certains équipements sportifs. Les résidences universitaires ou certains départements comme celui des Humanités ne seront pas rénovés. Une résidence doit être construit toutefois, sur les franges sud du campus, au niveau de l’arrêt de tram INSA-Einstein de l’autre côté de l’avenue Einstein.


La part belle aux entreprises

Ce projet doit également permettre de poursuivre la collaboration entre chercheurs des différentes structures présentes sur le campus et les entreprises.

Ainsi, le bâtiment Axel’One, plateforme qui réunira laboratoires de chercheurs et entreprises, doit voir le jour prochainement sur le site de l’INSA. C’est l’esprit affiché par La Fabrique de l’Innovation, sorte de Fablab, qui sera également construit sur le périmètre de l’INSA. Le lieu sera dédié notamment au prototypage, au transfert de technologie et de création d’entreprises en réunissant chercheurs, étudiants et entreprises.

Élus et universitaires ont plaidé pour une plus grande synergie entre le monde de la recherche et l’entreprise. Jusqu’à la ministre de l’Éducation Nationale qui souhaite que « les frontières entre les deux soient abolies » sans pour autant que l’université ne soit « guidée par les impératifs économiques ».

Et, le président de la Métropole de Lyon, Gérard Collomb, de promettre :

« Au sein du campus et à proximité immédiate, nous allons  proposer 100 000 m² d’offre immobilière dédiée aux entreprises, dont 50 % sur la rue Albert-Einstein qui sera rebaptisée « rue de l’Innovation » ».

Actuellement, 70 entreprises sont déjà implantées sur le campus de La Doua.

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