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Viande cancérogène et crottes de rats : où va notre alimentation ?

Des chercheurs basés à Lyon, au Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) -une agence de l’Organisation mondiale de la santé, viennent de jeter un pavé (de rumsteck) dans la mare.

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Steak Charal dans le rayon surgelés d'un supermarché. Crédit : Rue89Lyon.

Dans un document mis en ligne lundi 26 octobre et publié dans la revue médicale The Lancet Oncology, ils expliquent que la consommation de viande rouge est « probablement cancérogène pour l’homme ».

Steak Charal dans le rayon surgelés d'un supermarché. Crédit : Rue89Lyon.
Steak Charal dans le rayon surgelés d’un supermarché. Crédit : DD/Rue89Lyon.

Les industriels se sont étranglés à la lecture du rapport du CIRC, qui hache menu les viandes transformées (salaison et plats préparés, même plus la peine de les regarder) et saigne la viande rouge, « probablement cancérogène ».

La revue de presse de ce début de semaine foisonne, plus encore qu’à l’habitude, d’articles portant précisément sur la viande ou sur l’absence de viande (végé or not végé) mais aussi sur l’industrie agro-alimentaire.

Les crottes de rat, c’est protéiné, non ?

Ce qu’on appelle un « livre coup de poing » vient de sortir (chez Flammarion document), intitulé « Vous êtes fous d’avaler ça ! ». Avec le point d’exclamation.

Il bénéficie d’une couverture médiatique de plus en plus importante, qui permet de remettre sur la table des infos déjà révélées par le passé : dans le commerce, on trouve et on achète du miel sans miel, du fromage sans fromage, de la confiture de fraises sans fraise, du miel qui n’en est pas, des produits estampillés « France » mais fabriqués dans leur quasi totalité ailleurs, en Chine par exemple.

L’auteur de l’ouvrage, Christophe Brussels, prétend aussi avoir vu des crottes de rat broyées et mélangées à de la poudre de piment. La raison de cette absurdité gustative et sanitaire ? Le besoin de densifier la mixture alimentaire souhaitée, à moindre coût -et c’est vrai qu’on peut difficilement imaginer moins cher que les déjections de rongeurs.

Christophe Brussels a une formation d’ingénieur en agro-alimentaire, ce qui n’est pas sans rappeler une autre personnalité issue du même type de profession et qui est lui aussi sorti écoeuré de son passage dans l’industrie agroalimentaire, Pierre Hinard, aujourd’hui éleveur, que nous connaissons bien à Rue89Lyon pour l’avoir invité à un débat.

Il avait notamment conclu :

« Vous votez tous les jours en faisant vos courses. »

Une des viandes (bio) servies à Meat me, cuisinée par le boucher lyonnais Bello.
Une des viandes (bio) servies à Meat me, cuisinée par le boucher lyonnais Bello.

Lasagnes au cheval et images d’abattoir

C’est l’affaire des lasagnes à la viande de cheval qui a poussé Christophe Brussels à réagir et à publier ces accusations.

C’est cette même fameuse affaire qui a, semble-t-il bouleversé le rapport d’une partie des consommateurs à leur panier de courses. Le Monde a publié ce jour un petit florilège de témoignages de lecteurs, chacun étayant les raisons de la piètre opinion qu’il a de l’industrie agroalimentaire :

  • « des produits centrés sur le coût » ;
  • « la perte d’un patrimoine alimentaire » ;
  • « la mondialisation alimentaire » ;
  • « une industrie néfaste pour la santé et l’environnement »…

Chacun prône un retour au local, au bio éventuellement, une vigilance sur les étiquettes…

Dans ces retours d’expérience, la viande tient une bonne place.

Notons que la semaine dernière, c’est la vidéo diffusée par l’association « L214 (éthique et animaux) » qui a bénéficié d’une couverture médiatique très importante. On y voit d’insoutenables scènes de mise à mort d’animaux, dans l’abattoir d’Alès, dans le Gard.

A l’interprofession de la viande qui assure qu’il s’agit là de pratiques exceptionnelles et condamnables, l’association L214 oppose son argument : tous les abattoirs de France fonctionneraient de cette façon et il faudrait donc les fermer. Rappelons que L214 revendique une position antispéciste, défenseuse de l’ensemble des animaux et aboutissant à la non-consommation totale des produits qui en sont dérivés (viande, lait…).

Vegan or not vegan

Dans la foulée de la diffusion de cette vidéo, Pierre Beyleau a publié sur lepoint.fr un étonnant article anti-vegan, intitulé « A-t-on encore le droit de manger une côte de boeuf ? ». Où l’on entend le ton offusqué de la question lancée pendant un repas de famille le dimanche. Il écrit :

« Derrière cette campagne visant les abattoirs se profile l’ombre persistante de ceux qui rêvent d’un monde végétarien, sinon végétalien. Une démarche purement théorique qui trouve quelques échos chez des urbains formatés par les modes, élevés en batterie idéologique. »

Pour étayer son propos, Pierre Beyleau n’hésite pas à s’appuyer sur la fumeuse hypothèse selon laquelle Hitler aurait été végétarien. Le journaliste, ancien rédacteur en chef du titre, ne semble pas lire son propre site d’info car c’est aussi sur lepoint.fr que l’on peut lire cet article « Hitler n’était pas végétarien« . Et quand bien même il l’aurait été, elle ne peut évidemment pas qu’aboutir  à un sophisme idiot et court, vegan = nazi.

Finalement, en se basant sur plus de 800 études, le CIRC ne préconise pas autre chose que la réduction de consommation de viande. De limiter les produits transformés.

De se pencher sur ce que l’on choisit d’acheter, irait-on jusqu’à dire.

Guillaume Bernard du 1er décembre au 16 janvier Mégane Chiecchi 4 mai au 12 juin Florie Castaings du 10 février au 31 mars Léa Ménard du 13 avril au 5 juin -Voir Loïc Massoin, dispos 25 mai 19 juin (prquoi pas du 11 mai au 19 juin)Reporterre.net publiait il y a quelques jours le témoignage d’une journaliste végétarienne repentie, « Voici pourquoi je remange de la viande« , dans lequel elle raconte un périple réalisé à travers un certain monde paysan, qui l’a incitée à consommer de nouveau de la viande.

 

Elle reprend notamment les propos de la chercheuse Jocelyne Porcher :

« L’élevage, en tant que rapport de travail avec les animaux, a d’abord une rationalité relationnelle, explique Jocelyne Porcher. La majorité des éleveurs, ceux qui ont choisi ce métier, travaillent avec les animaux pour vivre avec eux. »

Pour la philosophe, la souffrance animale n’a rien à voir avec l’élevage mais elle est plutôt liée à l’industrie, à la zootechnie, à une « science de l’exploitation des machines animales ».

De quoi alimenter, si ce n’est les estomacs, au moins la réflexion chez les citoyens et consommateurs car, pour l’heure, presque aucun élu ne s’est saisi de ces questions.

A lire aussi, les tweets qui détendent l’atmosphère

C’est topito qui s’est chargé d’en récolter quelques uns. La twittosphère s’est emparée du sujet pour le tourner en dérision, pour désamorcer l’aspect angoissant de ce type d’annonces.

Exemples :

Et notre préféré :


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