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En Rhône-Alpes-Auvergne, le Front de gauche implose

[Article mis à jour] Aux régionales de décembre prochain, on devrait compter trois listes de gauche en Rhône-Alpes-Auvergne.

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En Rhône-Alpes-Auvergne, le Front de gauche implose

Ce samedi 5 septembre, les militants communistes ont voté en faveur d’une liste autonome.

Le Front de gauche semble avoir vécu dans la nouvelle région puisque les alliés traditionnels du PCF (Parti de gauche et Ensemble) se sont engagés dans un rassemblement « à la grenobloise » autour principalement des écologistes.

Ces deux listes s’ajouteront à celle menée par le PS Jean-Jack Queyranne.


Candidats du Front de gauche aux élections européennes pour la région Sud-Est.
Marie-Christine Vergiat, Eric Coquerel et Raphaël Debû, lors de la présentation des candidats du Front de gauche aux élections européennes de 2014 pour la région Sud-Est. DR

En décembre dernier, Europe Ecologie – Les Verts (EELV) avait lancé un rassemblement de tous les partis de gauche en dehors du PS. Toutes les composantes du Front de gauche avaient répondu à l’appel : la principale, le PCF mais aussi le Parti de gauche (PG) de Mélenchon et Ensembles (ex-Gauche unitaire notamment).

Les communistes ont participé aux discussions. Et puis les sirènes de Jean-Jack Queyranne se sont faites plus insistantes. L’actuel président du conseil régional de Rhône-Alpes a fait une proposition très alléchante aux communistes qui sont dans son exécutif (comme les écolos). Il leur a proposé une douzaine de sièges et la tête de liste dans la Loire et l’Allier. Certains cadres du parti n’ont pas été insensibles à ces égards, notamment du côté de l’Ardèche.

Le PCF a discuté avec les socialistes alors que le conseil national du parti confirmait le 10 juin que « la politique libérale du gouvernement ne crée pas les conditions de listes communes avec le PS ».

Ces discussions avec le PS ont eu le don d’énerver les écolos qui ont sommé les communistes de la région de rapidement se positionner : « c’est eux ou c’est nous ». Cette réaction d’EELV a fortement déplu alors que les sujets de discorde entre les deux partis sont importants (la ligne TGV Lyon-Turin, notamment).

« Ni socialiste, ni écologiste »

Finalement, le week-end des 20 et 21 juin, à La Ricamarie (Loire), le PCF a décidé de « s’orienter vers un rassemblement de type nouveau, en s’appuyant sur la dynamique du Front de Gauche », comme l’énonce la déclaration officielle.

Conséquence : agacement maximum chez les partenaires du Front de gauche, PG et Ensemble déjà engagés dans le rassemblement avec EELV, au point d’avoir commencé à battre campagne.

Après cette prise de position, le PCF n’a pas brillé par sa communication. Contactée par Rue89Lyon, la chef de file des communistes pour les régionales en Rhône-Alpes-Auvergne, Cécile Cukierman n’a pas donné suite. En revanche, elle s’est exprimée dans les colonnes de l’Humanité :

« Il nous semble, sur le fond comme sur la forme, que toutes les conditions ne sont pas réunies pour qu’il n’y ait qu’une seule liste à gauche au premier tour. C’est vrai avec le Parti socialiste, c’est vrai avec Europe Écologie-les Verts. La construction d’une liste ne peut pas consister à se répartir les places sur un bout de table depuis Paris ou Lyon. »

Bref, la ligne du PCF dans la région peut actuellement se résumer par « ni socialiste, ni écologiste ».

Un militant du PCF du Rhône considère que c’est aux autres partis du Front de gauche de choisir entre une alliance avec les communistes et une alliance avec les écologistes :

« La question leur est posée. Nous, nous ne voulons pas être la cinquième roue du carrosse et appliquer le programme d’EELV. »

Le 24 juin une « réunion de la dernière chance » s’est tenue à Lyon. Tous les partis étaient rassemblés, de Nouvelle Donne à EELV, en passant par le PG et Ensemble. Mais le PCF a opté pour la politique de la chaise vide.

« On tient au Front de gauche mais dans un grand rassemblement »

Fin juin, les militants du parti de Mélenchon, le PG, ont répondu à l’ultimatum des communistes : ils ont voté pour l’alliance avec les écolos, plutôt qu’un retour au Front de gauche strico sensu. Ils ont clairement privilégié ce qui leur a réussi à Grenoble avec l’élection d’Eric Piolle.
Andrea Kotarac, chef de file du parti de Mélenchon dans le Rhône ne veut fermer aucune porte aux communistes :

« On tient au Front de gauche mais dans le cadre d’un grand rassemblement avec d’autres composantes de gauche, comme EELV. »

Les militants d’Ensemble ont voté de même le 30 juin et ont confirmé leur choix d’une alliance avec les écolos plutôt qu’avec les communistes. Le leader de ce petit mouvement, le conseiller régional Armand Creus, lance un appel au PCF :

« La place des communistes est d’être avec nous, dans le grand rassemblement proposé. Mais il faut qu’ils se dépêchent ! »

Les adhérents écologistes votaient également à la fin du mois de juin. Logiquement, ils ont confirmé les précédents votes. Dans un communiqué, EELV se félicite de ce choix :

« Les écologistes souhaitent s’inscrire dans une liste régionale rassemblant des militants du Parti de gauche, de Nouvelle Donne, d’Ensemble, mais également des militants associatifs, des syndicalistes, des lanceurs d’alertes… »

En creux, il faut noter que les écolos ne font plus aucune référence au PCF.

Cécile Cukierman et André Chasseigne lors de leur conférence de presse de rentrée, le 28 août. ©LB/Rue89Lyon
Cécile Cukierman et André Chassaigne lors de leur conférence de presse de rentrée, le 28 août. ©LB/Rue89Lyon

Amplifier seul « la démarche du Front de gauche »

Dans ces conditions, lorsque les négociations ont repris au milieu du mois d’août, il était difficile d’imaginer une issue favorable.

Elles ont finalement capoté sur la question du non cumul des mandats. Le PCF refusant de signer la charte éthique du « Rassemblement » qui interdit le cumul du mandat de conseiller régional avec un mandat parlementaire.

Cette « charte » revenait à priver Cécile Cukierman et André Chassaigne (respectivement cheffe de file et porte-parole du PCF) d’une place éligible puisqu’ils sont déjà parlementaires.

Avant le vote des militants communistes début septembre, Cécile Cukierman s’était expliquée lors d’une conférence de presse :

« On n’a pas pas été respecté comme formation politique. Nous regrettons que les discussions se soient interrompues sur des questions de candidatures d’André et moi-même. »

Dans une dernière tentative, les responsables communistes ont essayé de faire revenir leurs partenaires traditionnels dans une alliance Front de gauche. Mais sans succès.

Résultat, le 5 septembre, les militants ont voté à 91% en faveur d’un « choix 1 » ainsi étrangement libellé : « Construire une liste qui incarne et amplifie la démarche du Front de Gauche ».

De fait, les communistes « amplifieront » seuls cette « démarche Front de gauche » puisque le Parti de gauche et Ensemble avec qui ils s’étaient présentés en 2010 aux régionales en Rhône-Alpes ont choisi une autre alliance.

Rassemblements à la carte

Le Front de gauche semble avoir vécu dans la région, remplacé par des rassemblements à la carte, en fonction des élections et des territoires :

Pour les régionales, le PCF fait donc le choix de se présenter seul, au risque de ne pas atteindre la barre des 5% des suffrages exprimés pour pouvoir fusionner au second tour avec le PS, comme prévoit également de le faire le rassemblement mené par EELV.

> Article actualisé le 6 septembre à 19h30 après le vote des militants communistes

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