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Régionales 2015 : le MoDem se fait conspuer pour avoir rejoint Laurent Wauquiez

Campagne à peine démarrée, l’actuel président de région socialiste Jean-Jack Queyranne a encaissé un premier coup porté par son adversaire Laurent Wauquiez. Le maire (Les Républicains) du Puy-en-Velay est parvenu à son objectif : se présenter comme le candidat de la droite et du centre aux prochaines élections régionales pour Rhône-Alpes-Auvergne, en ralliant à lui (très vite) l’UDI puis, après un tour de chauffe, le MoDem.

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Meeting-UDI-MoDem-Lyon-Bayrou

Sur les réseaux sociaux, la propension du MoDem à se faire désirer avec une danse du ventre a relativement agacé.

« Partir à la soupe » ; « vendre son âme »… Depuis l’annonce officielle d’une liste faisant figurer le MoDem aux côtés de Laurent Wauquiez, les mots sont durs voire moqueurs.

Un MoDem « à vendre à la découpe »

A Lyon, deux élus du centre se sont offusqués de ce choix.

Le premier, Cyrille Isaac-Sybille, élu MoDem, a été recadré par François-Xavier Pénicaud, lequel a tenu à se présenter comme le seul et l’unique porte-parole du parti de François Bayrou sur le territoire (« j’aurais l’occasion de vous faire parvenir une communication respectueuse du mandat qui m’a été confiée, à moi et moi seul », a-t-il écrit aux journalistes).

Dans un mail exaspéré, il explique que Cyrille Isaac-Sybille ne peut en aucun s’exprimer au nom du MoDem et remettre en cause l’alliance même s’il ne la souhaitait pas. Un message d’un collectif de représentants nationaux du MoDem demandait en effet si le parti de François Bayrou était « à vendre à la découpe, comme l’UDI ».

François-Xavier Pénicaud s’est agacé de ces prises de parole allant à contre-courant de la décision entérinée, rappelant qu’il est désormais lui-même président de la fédération régionale du parti.

Pour autant, Cyrille Isaac-Sybille menace :

« Une mobilisation des adhérents et sympathisants centristes est organisée, avec pour objectif, la poursuite d’un projet et d’une liste indépendante à l’échelle de la future région. »

Une autre voix « orange » s’est aussi faite entendre : Eric Lafond a été candidat MoDem aux élections municipales de 2008, puis candidat centriste (avec des bannières malgré tout bariolées d’orange) détaché d’un François Bayrou qui l’avait déçu (« Le Bayrou de 2007, je dis oui. Le Bayrou de 2012, c’est non », avait-il déclaré ). Eric Lafond s’est toutefois senti concerné, déclarant ce lundi :

« Finalement, l’assujettissement de la liste Modem à une droite conservatrice, traditionnelle et sans idée, est plus significatif par sa forme ; qui éclaire la capitulation intellectuelle du centre. »

Il parle d’un « discrédit de la parole publique ».

Le silence de François Bayrou devant ce mariage consommé avec celui qu’il jugeait il y a encore quelques semaines incompatible avec son parti est assourdissant. Après avoir appelé à voter François Hollande et tenté (avec plus ou moins de succès) de montrer une capacité à se tenir au centre, François Bayrou confirme là son ancrage à droite, quelle que soit sa dureté ou son incarnation.

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François Bayrou au meeting de l’UDI et du MoDem à Lyon le 30 avril.

Une alliance avec le PS moins « contre-nature » ?

Le message de Cyrille Isaac-Sybille et de nombreux autres centristes n’est pas passé inaperçu, malgré le recadrage de l’équipe officielle du MoDem. Ce lundi, l’actuel président de région qui mènera la liste PS a montré qu’il l’avait bien entendu, par la voix de son porte-parole François Debat. Il s’est donc fendu d’un communiqué offensif, dans lequel il invite les déçus et révoltés des partis centristes à rejoindre ce qu’il présente comme la liste des « démocrates sincères ».

Queyranne-bass-def© Pierre Maier
Jean-Jack Queyranne, président de la Région Rhône-Alpes © Pierre Maier/Rue89Lyon

Occasion de refaire un peu d’histoire dans ce texte sobrement intitulé « Après l’UDI, le Modem se couche devant Laurent Wauquiez » :

« Il y a quelques semaines, Patrick Mignola n’avait pas de mots assez durs à l’égard d’un Laurent Wauquiez qu’il jugeait trop droitier et « diviseur ».

S’il n’allait pas aussi loin que Jean-Christophe Lagarde (UDI) qui qualifiait Laurent Wauquiez de « crypto-lepeniste » ou de « Marine Le Pen en pire » , Patrick Mignola avait eu des accents de sincérité, jurant la main sur le coeur que sa candidature n’était pas « un coup de bluff pour se vendre au plus offrant ». »

Il allait même jusqu’à stigmatiser l’UDI, fraîchement ralliée à Laurent Wauquiez, en indiquant que « cette alliance n’est pas le fruit d’une convergence politique, mais de calculs de pourcentages sur des listes ».

Patrick Mignola indiquait à Rue89Lyon, à la veille de son accord définitif avec le chef de file Les Républicains, s’inquiéter de ce que son parti et celui de Laurent Wauquiez ne soient des « forces centrifuges » qui les empêchent de se réunir.

Peut-on imaginer que ces forces incriminées passent chez l’adversaire ? Patrick Mignola aurait du mal, après avoir rejoint celui qu’il a hué, à trouver les bons mots pour le leur reprocher.

Ce n’est en tout état de cause pas encore les vacances puisque Patrick Mignola, qui signe ses communiqués en tant que « chef de file du MoDem pour Auvergne/Rhône-Alpes », a répondu dans la journée :

« Au Conseil Régional, M. Queyranne et M. Debat dirigent une majorité avec les Verts et le Front de Gauche : comment imaginer que ceux qui croient à la liberté d’entreprendre et à la croissance dans une économie ouverte pourraient se retrouver avec de tels alliés ?

Comment penser que des décentralisateurs sont en phase avec la réforme territoriale technocratique et incompréhensible du Gouvernement ? »

Des critiques émises en direction de ses adversaires, qui prennent aussi la forme de mises en garde vis-à-vis de ses alliés centristes tentés par le départ.

> Mise à jour à 19h avec le communiqué de Patrick Mignola.

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