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29/03/2024 date de fin
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Après l’expulsion du plus grand squat de Lyon, les catholiques à la manoeuvre

[MàJ] Un mois et demi après avoir mis à l’abri dans une ancienne usine de Décines les personnes expulsées d’un squat de Lyon, les militants de la « Coordination urgence migrants » disent arriver au bout de leurs possibilités. Ils ont manifesté jeudi 4 juin devant la préfecture du Rhône, en charge de l’hébergement d’urgence et de la mise en place de la politique migratoire.

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En avril 2015, après l'expulsion de leur squat, des Albanais avaient pu s'installer dans une ancienne usine pendant un mois et demi, avec l'aide de l'Eglise catholique. ©LB/Rue89Lyon

>Nous republions un article du 14 avril dernier.

Une semaine avant son expulsion, le squat de Gerland avait connu une descente de police massive. ©LB/Rue89Lyon
Une semaine avant son expulsion, le squat de Gerland avait connu une impressionnante opération de contrôle de police. ©LB/Rue89Lyon


Le 14 avril, le plus gros squat de Lyon a été expulsé par la police, boulevard Yves Farge (à Gerland, Lyon 7e). Depuis un an et demi, cet ancien bâtiment de la gendarmerie servait d’hébergement précaire à près de 200 personnes, en majorité albanaises. Aucune solution de relogement n’a été proposée.

A l’initiative de catholiques, une centaine de personnes ont d’abord été conduites dans une salle hors-sac qui sert d’abri aux pèlerins sur l’esplanade de la basilique de Fourvière. Elles y ont passé une nuit.

Pendant six jours, 140 personnes ont été ensuite hébergées dans le gymnase de l’établissement d’enseignement catholique des Maristes. Elles en sont parties ce mardi matin, 21 avril.

Après Fourvière, ces personnes ont été conduites, toujours par des militants catholiques, dans une usine désaffectée de Décines pour y être hébergées. Cette usine a été louée par le diocèse de Lyon pour une durée d’un mois au motif de « l’urgence absolue ».

Un mois plus tard, le 1er juin, les sans-abri ont dû partir. Pour un certain nombre d’entre eux (nous n’avons pas de chiffres exacts), les catholiques ont trouvé un abri temporaire d’une quinzaine de jours, essentiellement dans deux campings et une ancienne cure de la région lyonnaise. Pour plusieurs dizaines d’entre eux, ils se sont de nouveau retrouvés à la rue.

 

 

Le squat du boulevard Yves Farge ce mardi matin, quelques heures après le début de l'expulsion. ©LB/Rue89Lyon
L’entrée du squat du boulevard Yves Farge ce mardi matin, quelques heures après le début de l’expulsion. ©LB/Rue89Lyon

 

Les promesses de l’ancien préfet

A la veille de la période hivernale, le précédent préfet, Jean-François Carenco, avait annoncé qu’il n’expulserait pas le plus gros squat de Lyon situé boulevard Yves Farge à Gerland car il était, en majorité, composé de demandeurs d’asile, qui ont, selon ses termes, un droit « très fort » au logement.

Le préfet du Rhône de l’époque reconnaissait qu’il « n’arrivait pas à les héberger » et avait donc décidé de ne pas évacuer le squat malgré une décision de justice de mai 2014 l’y autorisant.

Avec les beaux jours, le discours a changé. Selon un porte-parole de la préfecture du Rhône cité par l’AFP, la décision d’expulsion de l’immeuble « a été prise après la période hivernale ».

Un campement d’une quinzaine de baraquements, situé au dos du bâtiment, a également été expulsé. Il abritait une cinquantaine de Roms de Roumanie.

Dans un communiqué, la préfecture explique que le terrain appartient au Grand Lyon qui prévoit d’y construire des logement sociaux et une école. A 8 heures du matin, les forces de police ont dénombré 115 personnes dont 25 mineurs.

Les premiers occupants de l’immeuble était arrivés en novembre 2013 à la suite de l’évacuation du campement du pont Kitchener, sous l’autoroute A6.

 

Les cabanes détruites du petit bidonville de Roms derrière le squat. ©LB/Rue89Lyon
Les cabanes détruites du petit bidonville de Roms derrière le squat. ©LB/Rue89Lyon

Deux expulsions en cinq jours, d’autres dans les prochains jours

Vendredi 10 avril, c’est un petit bidonville coincé au bord du Rhône, au bas du cours d’Herbouville (Lyon 4e) qui a été expulsé.

A Bron, 200 personnes vivaient depuis août 2014 à la sortie du périph’ à « la Boutasse ». Elles ont été expulsées le 16 avril. Lire notre article

Arrivé avec les beaux jours à la tête de la préfecture du Rhône, le 1er avril, Michel Delpuech semble vouloir expulser tous les squats et bidonvilles sous le coup d’une décision de justice. Mais sans aucune proposition d’hébergement ou de prise en charge à l’hôtel.

D’autres expulsions devraient suivre car la liste des squats et campements concernés s’est allongée depuis cette automne :

  • A Vaulx-en-Velin, environ 250 personnes habitent impasse Jacquard depuis juin 2014.
  • A Villeurbanne, environ 100 personnes ont élu domicile depuis plus de deux ans à la Feyssine.
  • A Saint-Priest, les 70 personnes qui vivent derrière une tranchée de deux mètres de profondeur sont également expulsables immédiatement.

Les réseaux cathos mobilisés

Mardi matin, une dizaine de militants associatifs ou simples « citoyens solidaires » étaient présents boulevard Yves Farge pour soutenir les personnes qui se faisaient expulser.

Parmi ceux-ci une poignée de militants de la « coordination urgence migrants ».

Cette « coordination » fondée notamment par Bruno-Marie Duffé, vicaire épiscopal « Famille, Santé, Société » du diocèse de Lyon agrège des individus et des organisations catholiques (comme le Secours catholique) et protestantes mais aussi non-confessionnelles (comme la Ligue des droits de l’Homme, RESF ou CLASSES).

Ces derniers jours, le père Bruno-Marie Duffé s’était inquiété des prochaines évacuations de camps de Roms à Lyon dans un communiqué du 3 avril, repris par le journal La Croix.

« Nous tenons à exprimer notre très vive inquiétude sur les conséquences de ces actions, en l’absence de toute perspective politique et sociale, nationale ou européenne, en matière de protection des droits fondamentaux des migrants. (…) Ce sont des enfants parfois très jeunes, qui seront poussés plus loin. (…) Nous leur faisons comprendre, en leur interdisant de partager notre pays, qu’ils sont “de trop”. »

L’Abri des pèlerins de Fourvière investi

En milieu de matinée, ces militants de la « Coordination urgence migrants » ont décidé de tenter de mettre à l’abri les familles encore présentes sur place. Avec l’appui de l’archevêché de Lyon et la Fondation de Fourvière, ils ont eu l’accord pour accéder à l’Abri des pèlerins sur l’esplanade de la basilique de Fourvière, le temps de trouver une solution pour la nuit.
En fin de matinée, avec leurs voitures les militants ont donc emmené les personnes depuis le trottoir de Gerland jusqu’à la colline de Fourvière.

Mais la journée avançant, aucune autre solution n’a été trouvée pour ce mardi soir.

Moralité, une centaine de personnes se sont entassées dans une salle hors-sac prévue pour soixante personnes, derrière le magasin de souvenirs et cartes postales.

L'Abri des pèlerins à Fourvière. ©LB/Rue89Lyon
L’Abri des pèlerins à Fourvière. ©LB/Rue89Lyon

La trentaine de Roms qui vivaient dans les cabanes au pied du squat n’ont pas pu accéder à la salle bondée.

C’est une action à la fois symbolique et humanitaire, comme l’exposait le pasteur du foyer protestant de la Duchère, Pierre-Olivier Dolino :

« On a cherché un lieu et un symbole. L’Abri de Fourvière représente une solution temporaire même si elle est très précaire. Les familles veulent une solution. Je ne crois pas qu’elles soient dans une démarche politique revendicative ».

Mardi soir, d’autres soutiens des familles regrettaient ce choix, et auraient préféré camper sur une place à la Guillotière en signe de protestation.

Les Albanais que nous avons rencontrés mettaient tous en avant l’urgence de trouver une solution comme Faik, 20 ans :

« Mes parents sont actuellement à l’hôpital. Ils vont sortir très prochainement. Je vais demander aux médecins de prolonger l’hospitalisation, le temps que je trouve quelque chose. J’ai appelé le Pôle famille mais ils me disent que c’est pour les femmes enceintes ou les enfants de moins d’un an ».

Le père Bruno-Marie Duffé, vicaire épiscopal « Famille, Santé, Société » du diocèse de Lyon. ©LB/Rue89Lyon
Le père Bruno-Marie Duffé, vicaire épiscopal « Famille, Santé, Société » du diocèse de Lyon. ©LB/Rue89Lyon

Un hébergement temporaire dans le gymnase des Maristes

Après une nuit à l’Abri des pèlerins, les quelque 140 personnes recensées sur l’esplanade de Fourvière ont pu accéder à un autre lieu : le gymnase de l’établissement catholique, les Maristes, situé en contre-bas du parc des Hauteurs, toujours à Fourvière.
Le père Bruno-Marie Duffé a tenté au préalable de solliciter la mairie de Lyon pour un gymnase municipal. Mais il a essuyé un refus.

Des personnes expulsées du squat Yves Farge devant le gymnase des Maristes où elles sont provisoirement hébergées. ©LB/Rue89Lyon
Des personnes expulsées du squat Yves Farge devant le gymnase des Maristes où elles sont provisoirement hébergées. ©LB/Rue89Lyon

Les 140 personnes ont pu y rester jusqu’à mardi matin. Dans des conditions encore très précaires puisqu’elles ne disposaient d’aucun matelas et de très peu de couvertures ou duvets. La Croix-Rouge devait passer apporter des couvertures et de la nourriture.

Ce gymnase ne représentait donc pas une solution pérenne d’hébergement.

Mardi soir, le cardinal Barbarin était venu à la rencontre des personnes qui tentaient de dormir à l’Abri des pèlerins. Comme le rapporte le Progrès, il avait réaffirmé que l’Eglise catholique « n’avait pas les moyens de les héberger ».
Est-ce la conséquence de ce soutien de l’évêque de Lyon à l’action de la « coordination urgence migrants » ? la position de la préfecture semblait s’assouplir mercredi 15 avril.
Dans son communiqué délivré en fin de journée, le nouveau préfet du Rhône, Michel Delpuech écrit qu’il a demandé à ses services :

  • « d’examiner tout particulièrement la situation sociale des personnes bénéficiant du statut de réfugié (trois personnes) »,
  • de formuler des propositions d’hébergement aux demandeurs d’asile et d’accélérer l’instruction de leur dossier (20 personnes),
  • d’accélérer également l’instruction des dossiers de demande de carte de séjour déposés pour étrangers malades (5 personnes) ».

En ce qui concerne les personnes en situation irrégulière, le préfet a demandé que soient étudiées les solutions permettant de reconduire dans leur pays celles ayant vocation à quitter le territoire national.

150 personnes installées à Décines dans une ancienne usine

Le mardi 21 avril, environ 150 personnes SDF mises à l’abri dans le gymnase des Maristes ont été hébergées dans une une usine vide, située au coeur d’une zone industrielle de Décines, à dix minutes à pied du métro Carré de Soie.

C’est le fruit d’un accord entre le propriétaire et le diocèse de Lyon qui a loué le local pour un mois.
Mais la « Coordination urgence migrant » a bien cru qu’elle n’arrivait pas à prendre possession des lieux. S’ils ont signé un bail avec le propriétaire de l’usine, ces militants avaient oublié que la mairie pouvait gêner leur installation.
Mise au courant dans la matinée de l’arrivée des SDF, la municipalité UMP a dépêché un équipage de police municipale rapidement rejoint par des policiers municipaux puis par trois camions de CRS.

Au bout de quatre heures de tergiversations, les SDF ont pu commencer à prendre possession des lieux.

Le 21 avril,  vers 15h50, les premiers Albanais ont pu s'installer dans cette ancienne usine. ©LB/Rue89Lyon
Le 21 avril, vers 15h50, les premiers Albanais ont pu s’installer dans une ancienne usine de Décines. ©LB/Rue89Lyon

Selon le père Bruno-Marie Duffé, en contact avec la Ville de Décines, le point d’achoppement portait sur le changement de destination du lieu : d’une usine à un hébergement.
Le père Michel Durand, ex-curé des Pentes de la Croix-Rousse, et membre actif de la « Coordination urgence migrants » ne se montrait pas dupe :

« C’est un prétexte. La mairie a tenté de jouer la carte du changement de destination du lieu. Mais leur objectif est d’éviter que ces personnes arrivent dans leur commune ».

Contacté, le premier adjoint, Mohamed Rabehi, tenait à préciser qu’« à aucun moment la ville n’a tenté d’empêcher l’installation » :

« On ne peut pas, il y a un accord entre un propriétaire et le diocèse ».

Mais il ajoutait :

« Il s’agit bien d’un ancien site industriel. On va s’assurer que toutes les normes d’hygiène, de sécurité sont bien respectées. Selon la préfecture, il y a tout de même 166 personnes dont 42 enfants. Dans les prochains jours, on va faire un état des lieux et on prendra les décisions qui s’imposent ».

Vers 15h30, les quelques matelas et sacs ont commencé à être disposés sur le carrelage de cette ancienne usine de 300 m2 vide depuis trois ans. Il n’y a pas plus de confort que deux douches et deux WC. Rien pour cuisiner.

Lionel Brunel, responsable des moyens généraux au diocèse de Lyon en charge du patrimoine, reconnaissait que ce n’était pas aux normes d’hébergement :

« Evidemment c’est de l’urgence absolue. Je veux bien qu’on nous critique mais qu’on m’amène une solution pour les héberger. Je prends ! »

Les catholiques de la « Coordination urgence migrants » parlaient d’une « solution relais » et affirmaient être toujours à la recherche d’un hébergement pérenne pour ces personnes. Même s’ils ajoutent, une fois de plus, que ce devrait être à l’Etat d’assumer ses prérogatives.
Une dame avec ses deux enfants, reconnue réfugiée politique, l’exprimait à sa manière (traduit par sa fille) :

« Ici, c’est mieux que dehors. Mais on a le statut de réfugié depuis deux mois. Pourquoi n’a-t-on toujours pas de maison ? »

« On arrive au bout de nos capacités »

Le 1er juin, un mois après avoir mis à l’abri 166 personnes dans cette ancienne usine de Décines (chiffre préfecture), ces personnes ont dû partir. Ce sont les membres de la «Coordination urgence migrants » qui leur ont dit de « reprendre leur initiative ».

Au lendemain de la fermeture de l’usine, la « Coordination » organisait une conférence de presse pour tenter d’expliquer la situation des personnes accueillies et rendre compte des actions menées. Des actions menées non seulement par des catholiques mais aussi par tous les militants de structures laïques telles que RESF, la Ligue des Droits de l’Homme ou CLASSES dont les représentants étaient présents à la conférence de presse et qui participent activement à la « Coordination ».

« Pendant un mois et demi, nous avons fait le travail de l’Etat en prenant en charge ces personnes. Pas simplement en les mettant à l’abri. Nous avons réalisé un accompagnement médical, social et juridique. Aujourd’hui, nous arrivons au bout de nos capacités humaines et financières », explique José Rigo, le coordinateur de la « CUM ».

Les militants de la « Coordination » (une trentaine revendiquée) disent qu’ils sont « physiquement fatigués » et qu’ils ont « épuisé tous les dons récoltés ». Surtout, ils n’ont pas trouvé de solution auprès de l’Eglise et de ses relais
pour héberger de manière pérenne les SDF.

Résultat, les catholiques ont trouvé un abri temporaire d’une quinzaine de jours, essentiellement dans deux campings et une ancienne cure de la région lyonnaise. Quelques uns sont hébergés chez des particuliers.

Mais cela ne concerne que plusieurs dizaines de personnes. La « coordination » n’a voulu communiquer ni lieu, ni chiffres précis.

Ses membres ont toutefois reconnu qu’une « vingtaine » de personnes se sont de nouveau retrouvées à la rue. « Ce sont les gens les moins vulnérables, physiquement et administrativement », affirme le père Bruno-Marie Duffé qui donne un seul chiffre précis : celui de 12 personnes qui ont été finalement hébergées par la préfecture du Rhône.

Une fois de plus, la « Coordination », comme d’autres collectif ou association de soutien au migrants ou aux sans-abri, s’est confronté à la politique gouvernementale relayée dans le Rhône par la préfecture.
Cette politique a été rappelée le jour de la Pentecôte, le 25 mai dernier, par le préfet délégué à l’Egalité des chances qui est passé voir les migrants à l’usine de Décines. Xavier Inglebert a exposé qu’il n’y aurait ni régularisation, ni hébergement.

Bruno-Marie Duffé rejette cette manière de procéder :

« La préfecture propose une aide financière au retour via l’OFII qui serait d’environ 300 euros par adulte. Mais cette proposition de rentrer chez eux est indécente ! L’Albanie n’est pas un pays sûr. Certes, il n’y a pas de guerre mais ce sont des personnes qui sont menacées par des mafias. La vendetta a cours dans ce pays et l’Etat est inexistant pour protéger ses citoyens. Ces personnes ont été contraintes à migrer. Elles sont ici. Leur errance doit cesser ».

Pas de « sit-in place Bellecour » mais une manif devant la préfecture

Il y a un an, des catholiques emmenés par le père Paul-Marie Duffé avait également massivement tenté d’héberger des familles après l’expulsion de ce qui était le plus grand bidonville de l’agglomération lyonnaise, à Saint-Fons.

Quelques solutions avaient pu être trouvées dans des paroisses.

C’est notamment de cette première expérience qu’était née « la Coordination urgence migrants ». Mais cette année, Bruno-Marie Duffé affirme qu’il n’y a plus de solution au sein de l’Eglise catholique de Lyon.

« Quand le préfet Carenco a demandé cet hiver au cardinal Barbarin de trouver des lieux pour héberger des SDF, on a cherché partout et on trouvé quelques chambres par ci, par là. Aujourd’hui il n’y a plus aucune solution ».

Ce prêtre en charge du social à l’évêché de Lyon ajoute que « ce n’est pas au religieux de prendre en charge les problèmes qui relèvent de l’Etat » :

« On veut bien se mettre autour d’une table avec la préfecture pour trouver des solutions. Mais ce n’est pas à nous d’assumer l’hébergement. La préfecture pourrait notamment réquisitionner des locaux privés ou publics vacants ».

Dans le cas où la préfecture « expulsait systématiquement » ce printemps tous les bidonvilles sous le coup d’une mesure de justice, Bruno-Marie Duffé promettait, le 14 avril, d’être davantage visible et revendicatif, dans la rue :

« Le jour où l’on va expulser Saint-Priest et Bron, on va être dans la rue car il n’y aura plus aucune solution. Et dans ce cas-là, on fera un sit-in place Bellecour. Par ce genre d’action, on veut montrer qu’on résiste et qu’on ne lâche pas même si on a conscience de la précarité des solutions ».

Le jeudi 16 avril, la préfecture a procédé à l’expulsion du bidonville de Bron. C’était la quatrième expulsion d’occupants « sans droit ni titre » en une semaine. (Lire notre article).

Après cette expulsion, les catholiques n’ont pas organisé de « sit-in » place Bellecour. Mais arrivés au bout de « leurs moyens », comme ils l’annonçaient lors d’une conférence de presse, les membres de la « Coordination urgence migrants » ont appelé à une manifestation jeudi 4 juin pour que l’Etat « prenne ses responsabilités ». Ils étaient une centaine devant la préfecture et ont, enfin, obtenu un rendez-vous avec le nouveau préfet Michel Delpuech.

Lors de cet entretien, le préfet a notamment annoncé, selon un communiqué, que les personnes qui font l’objet d’une obligation de quitter le territoire (OQTF) doivent rentrer dans leur pays via le dispositif d’aide au retour.
Il a précisé que « 71 personnes » sont concernées.
Pour le reste, selon une communication rodée, la préfet a « rappelé l’effort considérable de l’Etat dans le Rhône pour accroître les capacités d’hébergement (…) Cela représente un coût annuel de 55 millions d’euros. »

> Article actualisé le 15 avril à 9h avec les propos du cardinal Barbarin au Progrès.
> Mis à jour le 15 avril à 21h avec le communiqué de la préfecture et l’hébergement dans le gymnase des Maristes.

> Mis à jour le 17 avril à 9h après l’expulsion du bidonville de Bron.

> Mis à jour le 21 avril à 19h après l’installation dans une usine à Décines

> Mis à jour le 2 juin à 16h, suite à la conférence de presse de la « Coordination urgence Migrants »

> Mis à jour le 6 juin à 12h, suite à la manifestation de la « Coordination urgence Migrants » et l’entretien avec le préfet du Rhône

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Capture d'écran du webdocumentaire "Demandeurs d'Asile Football Club"
Les cabanes détruites du petit bidonville de Roms derrière le squat. ©LB/Rue89Lyon

Photo : LB/Rue89Lyon

Le cardinal Philippe Barbarin © Pierre Maier/Rue89Lyon.

Photo : Pierre Maier/Rue89Lyon.

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