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Ce qu’il faut savoir sur Laurent Wauquiez, qui brigue la présidence de Rhône-Alpes-Auvergne

[MàJ] Il a doublé Michel Barnier et vient d’être désigné candidat de la droite aux prochaines élections régionales, en décembre 2015. Laurent Wauquiez, député UMP de Haute-Loire qui fût également ministre bon élève de Nicolas Sarkozy, a donc des velléités sur le vaste territoire Rhône-Alpes-Auvergne. Qui est-il, qu’a-t-il dit ? (Et comme il en a dit beaucoup, on a fait une sélection non exhaustive, n’hésitez pas à la rallonger dans les commentaires).

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Laurent Wauquiez. Crédit : FabriceCaterini/Inediz.

Laurent Wauquiez voudrait être le candidat de la droite aux élections régionales de mars 2015.
Laurent Wauquiez voudrait être le candidat de la droite aux élections régionales de décembre 2015.

Article publié le 15 janvier, mis à jour ce jeudi 5 février avec la décision de la commission d’investiture de l’UMP, qui a donc désigné Laurent Wauquiez.

1. Il compose avec sa droite

Ce n’est pas sa sortie la plus explosive mais l’une des plus récentes. Après la fusillade à Charlie Hebdo et les attaques des jours suivants, Marine Le Pen s’est offusquée de ne pas avoir été officiellement invitée à la Marche républicaine de Paris. Laurent Wauquiez a marché dans le jeu de la présidente du FN faussement offensée.

Tandis que certains à droite voyait dans ce rassemblement l’occasion de marquer clairement la distance avec l’extrême droite, le député de Haute-Loire a déclaré :

« Il n’est pas acceptable que le Front national soit exclu pour une manifestation d’unité nationale ».

Un propos qui illustre la posture politique de Laurent Wauquiez, qui a choisi de composer avec la droite de l’UMP. C’est notamment auprès de Patrick Buisson, ex-conseiller de Nicolas Sarkozy et stratège de la droitisation du parti, qu’il a formé sa vision politique. A LCI il déclare en 2012 :

« Je l’ai dit et je le répète : j’ai de l’estime pour Patrick Buisson, c’est quelqu’un qui a contribué à faire bouger les lignes à l’intérieur de notre famille politique. »

Laurent Wauquiez est partisan de l’adoption par son parti des thèmes favoris du FN mais refuse tout rapprochement circonstancié avec le parti de Marine Le Pen, notamment lors des élections locales.

 

2. Le « cancer de la société française » : sa sortie la plus improbable

Si le député est très ouvert à la communication par les parlementaires sur les biens qu’ils possèdent, sur la question des pauvres, il devient beaucoup plus rigide et poussiéreux.

Sur le RSA, il imagine en 2011, tandis qu’il est ministre de l’Enseignement supérieur, une solution qu’il juge miracle, faire travailler les bénéficiaires de la prestation sociale :

« Cette question de la différence entre le travail et l’assistanat est aujourd’hui l’un des vrais cancers de la société française parce que ça n’encourage pas les gens à reprendre un travail ».

La lutte contre « l’assistanat », c’est son dada. Il a d’ailleurs lancé en 2010 un club de réflexion qui devient motion au congrès de l’UMP de 2012, la Droite sociale, justement affublée de la punch line : « Droite Sociale : défense des classes moyennes – lutte contre l’assistanat ».

Quelques temps plus tard, Laurent Wauquiez propose de privilégier les personnes actives pour l’obtention de logements sociaux, plutôt que les chômeurs.

 

3. Il aime les déclarations intempestives fondées sur… rien

Lorsqu’il se trouve ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche, Laurent Wauquiez se penche sur la question des stages des jeunes diplômés en entreprises. Il appuie entièrement son propos, développé auprès de Libération en août 2011, sur une mystérieuse étude produite par son ministère et qui lui permettrait de dire : « aujourd’hui la moitié des stages sont rémunérés contre un tiers auparavant » ; « un jeune qui a fait un stage voit ses chances de trouver un emploi multipliées par deux ».

Mais impossible de mettre la main sur cette étude, fantôme, que le ministère ne fournit pas. Serait-il allé jusqu’à l’inventer dans le but d’assurer des contre-vérités ?

Rue89 avait publié en 2013, suite à une interview filmée faite à France Info :  « Dire n’importe quoi en 3 leçons avec Laurent Wauquiez ». Celui qui est alors vice-président à l’UMP se lâche suite à l’attentat de Boston, estimant qu’il s’agit d’une « attaque de notre mode de vie occidental » tandis qu’aux Etats-Unis le président Barack Obama prend un maximum de précautions et que l’enquête démarre tout juste.

Mariage pour tous à l’Assemblée : « C’est un… par FranceInfo

 

4. Il n’aime pas les zombies

Laurent Wauquiez. Crédit : FabriceCaterini/Inediz.
Laurent Wauquiez. Crédit : FabriceCaterini/Inediz.

De quoi faire chuter brutalement le capital sympathie de Laurent Wauquiez auprès des cinéphiles, adeptes du décalé, du gothique, de Michael Jackson, du grindcore, du nanar, de la pop culture… D’un petit paquet de monde, en somme.

Laurent Wauquiez a interdit en 2012 la Zombie Walk, une parade de zombies (c’est à dire de personnes gentiment déguisées en morts-vivants) dans les rues du Puy-en-Velay.

Dans un communiqué, les services administratifs de sa mairie avaient ainsi expliqué leur décision :

« La Toussaint est un moment consacré aux familles et à leurs défunts, et ce genre de manifestation choquerait les administrés. »

 

5. « Un enfant du pays » : le CV de Laurent Wauquiez

Laurent Wauquiez a 40 ans et passe pour un jeune loup ambitieux laissant ses préférences se balader de Nicolas Sarkozy en 2012 à François Fillon en 2014 (dans la course pour la tête du parti). Dans la team des quadras en devenir à l’UMP, il est en opposition nette avec Nathalie Kosciusko-Morizet.

Il est sorti de l’ENA major de sa promo. La première année du mandat de Nicolas Sarkozy en tant que président de la République, le jeune député est propulsé porte-parole du gouvernement. Puis il devient secrétaire d’Etat en charge de l’Emploi, ministre des Affaires européennes et, enfin, ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche.

Laurent Wauquiez explique ses ambitions régionales en se présentant comme un « véritable enfant » de la future grande région Rhône-Alpes-Auvergne : il est né à Lyon et a été élu député en Haute-Loire.

Sans compter qu’il est maire de la commune du Puy-en-Velay, où il vit (on vous renvoie plus haut à l’interdiction de la Marche des zombies organisée dans cette ville). Il y a été réélu en 2014 avec 69,78% des voix. De quoi asseoir sa légitimité, selon lui.

 

6. Son investiture est contestée par Michel Barnier

Dans l’interview qu’il a donnée au Progrès ce jeudi 15 janvier pour annoncer officiellement sa candidature, Laurent Wauquiez ne laissait pas de place au doute : soutenu par de nombreux parlementaires, il est le meilleur candidat de la droite pour battre Jean-Jack Queyranne, actuel président PS de Rhône-Alpes et puis c’est comme ça. Le député n’a pas fait grand cas de son adversaire dans la course à l’investiture, Michel Barnier, ex-commissaire européen d’origine savoyarde, qui s’est déclaré en octobre et bénéficiait du soutien de l’UDI.

Ce dernier a réagi très vite, dénonçant un « passage en force » de son adversaire. « Ce sont des méthodes d’autrefois », selon Michel Barnier, « qui ne correspond pas à l’intérêt de cette région », a-t-il déclaré au quotidien régional La Montagne :

« Ils feront ce qu’ils voudront. Chacun prend ses responsabilités ».

À l’AFP, il a également déclaré que « le bon sens voudrait que [l’UMP] prenne davantage de temps pour ne pas commettre d’erreur ». En effet, ce choix pourrait priver le parti de Nicolas Sarkozy d’une alliance avec l’UDI en amont du premier tour.

 

7. Il aime les petites entreprises et le cumul des mandats

Laurent Wauquiez avait par ailleurs commencé à résumer ses projets pour la future grande région : la priorité sera donnée à « l »emploi, l’apprentissage et le soutien aux petites entreprises ». Soit les compétences attribuées aux régions, rien de plus.

Et s’il est élu à la tête de la nouvelle grande région, Laurent Wauquiez a déjà déclaré qu’il abandonnerait la mairie du Puy-en-Velay. En revanche, il espère que la loi sur le non-cumul des mandats sera abrogée, car il se voit bien cumulard, président de région et député.

 

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