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Fusions, retraits, maintiens : qui seront les maires dans le Grand Lyon ?

Dimanche 30 avril, on remet ça : les listes définitives pour le second tour des élections municipales ont été déposées en préfecture. Rue89Lyon vous fait le récap’ des fusions, accords, retraits et autres petites guerres fratricides entre amis.

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Jeu de légos.

Suite au premier tour des élections municipales, 32 candidats ont été élus (on comprend aussi le 6e arrondissement de Lyon remporté par l’UMP) dans le Grand Lyon. Pour 31 de ses communes, hors Lyon donc, les citoyens pourront aller voter au second tour. Mais entre les deux votes, les tractations sont allées bon train : il s’agit de savoir désormais qui se présente et sous quelle forme, avec quel partenaire et quel éventuel nouveau projet.

L’enjeu est de taille : il s’appelle la Métropole. Il s’agira d’une nouvelle collectivité surpuissante, qui verra le jour en 2015 à partir de la fusion du département du Rhône avec le Grand Lyon, sur le territoire de la communauté urbaine, et qui sera pilotée par des élus actuellement candidats aux élections municipales. Gérard Collomb, maire PS sortant à Lyon en quête d’un troisième mandat, espère pouvoir en prendre la tête. Il devra prendre sa calculette car, au vu de l’avancée de la droite sur la terre grand-lyonnaise, il joue serré.

Jeu de légos.
La Métropole de Lyon sera un « énorme jeu de légos » à construire.

1/ Les 17 communes sans fusion de listes

17 des 26 communes (en dehors de Lyon) où les électeurs auront à se déplacer dimanche ont décidé de ne pas fusionner. On fait le point.

Les désunions qui ne devraient pas faire mal à la gauche

A Vénissieux, le divorce du PS et du PC est prononcé : on aurait pu penser que Lotfi Ben Khelifa et Michèle Picard s’uniraient pour faire barrage à l’UMP et aux ultra-nationalistes. Mais la faiblesse du score du candidat PS et du score de l’UMP Christophe Girard (22%) n’a pas fait assez peur à la maire sortante communiste, en tête au premier tour.

A Villeurbanne, même trame, avec des acteurs différents : de l’impossible réunion des deux listes de gauche (la liste PS du maire sortant Jean-Paul Bret et la liste écologiste-Front de Gauche menée par Béatrice Vessiller) résulte une quadrangulaire. Le maire sortant, s’il avait confié avoir laissé « la porte ouverte » pour une union, n’est pas suffisamment menacé par la droite pour fusionner avec les écolos.

Givors, de la même façon, aucune fusion n’a été actée entre la liste de Mohammed Boudjellaba et celle du maire sortant Martial Passi. Ce dernier, en ballottage favorable à plus de 20 points au-dessus du FN et de l’UMP, ne se sent pas assez fragile pour proposer une union de la gauche.

Les divisions de la gauche dans un jeu très ouvert

Les socialistes se font la guerre à Bron, et certains vont jusqu’à chercher des partenaires dans l’autre camp. Elizabeth Brissy-Queyranne avait en effet espéré une fusion avec la liste UMP de Yann Compan, dans l’espoir de renverser « le système autocratique d’Annie Guillemot ». Elle en a même appelé à un « rassemblement » de tous les électeurs jusqu’au FN, présent au second tour.

A Décines, tout est possible. Le maire sortant PS arrivé deuxième pourra compter sur la réserve de voix de la liste Front de gauche qui ne se maintient pas. Cette liste montée entre autres par la dissidente PS Farida Boudaoud et une douzaine de colistiers ayant cherché à fusionner avec Sandy Sagnard (un candidat centriste qui se présente sans étiquette). En vain.

Le cas de Neuville-Sur-Saône est particulier : la candidate divers gauche Marie-Claude Oriol, qui totalise pourtant près de 16% des votes, ne se présentera pas au second tour. Elle retire sa liste, et ne fusionne donc pas avec celle d’Alain Martin-Rabaud (PS). Ces voix se reporteront certainement sur le candidat PS. Le scrutin reste très ouvert.

Division de la gauche et victoire quasi assurée de la droite

A Grigny, si une fusion avait été évoquée entre les listes du maire sortant René Balme (Front de gauche) et celle du Collectif Grigny 2014, menée par l’écolo Estelle Mejri, les discussions n’ont pas abouti. Les différends entre les deux listes sont trop importants, et ont empêché ainsi d’arriver à un accord. La voie est ouverte pour le candidat de la droite Xavier Odo.

L’UMP même en solo peut l’emporter

Mions non plus, pas d’union sacrée de la droite contre le socialiste Jean-Paul Vézant. Le candidat UMP Claude Cohen possède une avance confortable de 10 points sur son adversaire, et n’a besoin ni d’absorber la liste divers droite de Jean-Claude Girault et ses 7%, ni de s’allier avec la centriste Valérie Roméro. La commune va certainement basculer du PS à l’UMP.

Tassin-la-Demi-Lune, on ne parle pas d’alliances entre les deux principaux candidats, bien au contraire. Le maire sortant UDI Jean-Claude Desseigne ne décolère pas d’être arrivé second au scrutin du premier tour, et fustige le candidat arrivé en tête, l’UMP Pascal Charmot. On prend les mêmes et on recommence. Donc avantage à l’UMP.

Les divisions qui ne feront pas mal à la droite

A Ecully : le candidat UMP Régis Blanc, pourtant arrivé second au terme du premier tour, a décidé de ne pas présenter sa liste pour le second. Avec un retard de près de 10 points sur le maire sortant Yves-Marie Uhlrich, il estime ne pas pouvoir changer les choses, et refuse « toute compromission ».

Il reste donc dans une opposition stricte au maire sortant UDI, en ne donnant pas de consigne de vote. Cependant, s’il n’a pas affirmé son soutien à Yves-Marie Uhlrich, son parti s’est empressé de le faire. Un boulevard s’ouvre donc pour le maire sortant.

Saint-Genis-Laval, toutes les listes se maintiennent au second tour. Le maire sortant UDI, Roland Crimier, n’est pas assez menacé par la gauche ou le FN pour fusionner avec l’UMP qui a décidé de se maintenir.

Pas d’union des listes de droite à Saint-Didier-au-Mont-d’Or non plus : elles sont au coude à coude, et seulement quelques voix les séparent l’une de l’autre. Elles n’ont donc aucun intérêt électoral à fusionner.

Pas de fusion à recenser à Sathonay-Camp :  les listes menées par le maire sortant divers droite-Synergies Pierre Abadie et par les challengers UMP et centriste Robert Roche et Frédéric Fessina n’ont pas d’intérêt à une telle décision.

A Craponne, le maire sortant divers droite-Synergies Alain Galliano, arrivé confortablement en tête du scrutin avec 41% des voix, n’a aucun intérêt à s’allier avec l’UMP Patricia Vallon, ce qui de plus ne serait pas conforme à la résistance aux partis, particulièrement à l’UMP, des maires Synergies.

Les communes de l’Ouest qui resteront à droite

A Couzon-au-Mont-d’Or, une certitude, le maire ne sera plus le sortant Michel Sangalli. Lui qui a essuyé un lourd revers au premier tour a préféré se retirer. Ce sera donc un duel divers droite / sans étiquette.

Saint-Didier-au-Mont-d’Or, les listes divers droite au coude à coude, n’ont pas fusionné.

A Collonges-au-Mont-d’Or, on prend les mêmes et on recommence : il y aura donc une quadrangulaire avec uniquement des listes divers droite.

Triangulaire à l’ancienne : le PS repasse sans problème

Corbas, le maire sortant socialiste est arrivé largement en tête devant l’UMP. Le FN réalise son plus gros score du Grand Lyon (25,02%). C’est une triangulaire pour le second tour. Jean-Claude Talbot, devrait repasser.

 

2 / Les fusions dans 9 communes

Fusions et basculement possible à droite

Chassieu, un projet d’union sacrée autour du divers droite Jean-Jacques Sellès était dans les tiroirs. Si Annie Lornage a bien rejoint Jean-Jacques Sellès, elle est la seule. Toutefois l’UMP Sandrine Chopard a décidé de retirer sa liste, sans donner de consigne de vote. L’écologiste Joëlle Percet met en avant le côté « trop politique » de Jean-Jacques Sellès, qu’elle croyait éloignée des partis. Elle a également refusé de s’allier au maire sortant. Avantage au candidat divers droite qui se retrouve seul face à deux listes de gauche.

Rillieux-la-Pape, en unissant les deux listes de droite, et en transformant le second tour en triangulaire, les candidats Alexandre Vincenet et Julien Smati, réunis derrière l’UMP Vincenet, pensent faire basculer la mairie à droite. Ils espèrent profiter de la guerre fratricide au sein du PS, opposant l’actuel maire Renaud Gauquelin à Jean-Christophe Darne, qui continue pour le second tour.

Unions qui pourraient faire conserver leurs mairies à la gauche

Francheville, le maire sortant René Lambert s’est uni aux écologistes conduits par Cyril Kretzschmar pour espérer pouvoir gagner. En effet, l’UMP Michel Rantonnet est arrivé en tête du premier tour avec 47% des voix. Il est donc indispensable pour les deux partis de gauche d’allier leurs pourcentages respectifs (39,96% et 12,83%) pour avoir un léger avantage.

Saint-Fons, la liste d’Ahmed Benfehrat et celle de la maire sortante Christiane Demontès (PS) en fusionnant, peuvent espérer faire jeu égal avec la candidate de droite Nathalie Frier. Il leur faudra cependant compter sur le report des voix de la liste Lutte Ouvrière de Christian Prada pour pouvoir l’emporter.

La maire sortante de St-Priest Martine David (PS) a beau être en ballottage favorable, elle s’est tout de même unie avec la liste EELV de Véronique Moreira afin de l’emporter. La liste écologique n’avait pas assez de votes pour se maintenir au second tour (culminant à 6,79 % des voix). Cette alliance pourrait permettre à la maire sortante de conserver l’avantage sur le candidat UMP Gilles Gascon.

Fusions à droite pour un changement d’étiquette… à droite

Champagne-au-Mont-d’Or, les deux candidats divers droite Bernard Dejean et Pierre Diamantidis ont rassemblé leurs listes afin de contrer plus efficacement le maire sortant divers droite-Synergies Gaston Lyonnet. Totalisant 34% et 28% des voix chacun, les candidats d’opposition sont partis pour éjecter de la mairie son actuel locataire, qui ne totalise que 36% des voix.

A Sainte-Foy-lès-Lyon, les listes de Cyrille Isaac-Sibille (MoDem) et Gilles Assi (divers droite) fusionnent pour contrer leur adversaire principale, l’UMP Véronique Sarselli. Ce sera donc une quadrangulaire pour les fidésiens au scrutin du second tour.

A Charbonnières-lès-bains, ce qui aurait pu être une quadrangulaire de droite se transforme en duel : les quatre listes de droite présentes au second tour ont fusionné deux à deux et dos à dos, chacun des candidats en tête ayant fusionné avec une liste plus petite. On assiste donc à la naissance de deux nouvelles listes : celle issue de la fusion Gérard Eymard-Pascal Formisyn, et celle issue du rapprochement Laurent Sauzay-Sébastien Arcos.

Fusion à gauche pour un possible changement d’étiquette… à gauche

A Vaulx-en-Velin comme à Charbonnière-lès-bains, on assiste à des fusions des listes deux à deux. Hélène Geoffroy, candidate PS fusionne avec le sans étiquette Stéphane Bertin, tandis que le maire sortant Bernard Genin fusionne avec la liste divers gauche de Nordine Gasmi. Si les deux unions sont nécessaires à chacun des acteurs pour espérer l’emporter, avantage toutefois à Hélène Geoffroy. Elle pourrait bénéficier des 16,8% de la liste de Stéphane Bertin (le même score à peu de chose près que le candidat UMP Philippe Moine) et s’assurer 7 points d’avance sur Bernard Genin. Ce sera une triangulaire entre les deux listes de gauche et une liste de droite.

 


#Elections municipales 2014

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