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Pour l’UMP, la présidence du Grand Lyon passe par la conquête de l’Ouest

Cap à l’ouest. La présidence de la communauté urbaine est l’autre enjeu, peut-être le principal, des élections municipales à Lyon. L’actuel maire de Lyon est le prétendant le plus sérieux à sa réélection à la tête du Grand Lyon.

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Mais dans l’hypothèse de la réélection de Gérard Collomb, l’UMP du Rhône ne s’avoue pas vaincu et a élaboré une stratégie pour tenter de s’emparer de la présidence du Grand Lyon et de la future Métropole de Lyon (en 2015). Cette offensive passe par la conquête de ces petites communes.

Car, contrairement aux idées reçues, l’immense majorité des maires des petites communes de l’ouest lyonnais, pourtant divers droite, ne se sont pas rangés derrière l’UMP au Grand Lyon. Réunis au sein d’un groupe politique nommé Synergies-Avenir, ces élus soutiennent le socialiste Gérard Collomb.

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Photomontage sur la conquête de l’ouest ©Christophe Chelmis/Rue89Lyon

La chasse aux conseillers communautaires


Sortez les calculettes. L’exécutif du Grand Lyon et, en 2015 de la Métropole de Lyon, dépend du nombre de conseillers communautaires que gauche et droite feront élire. Ces conseillers communautaires, élus pour la première fois directement, sont en effet répartis en fonction du nombre d’habitants de la commune. Albigny-sur-Saône, 2700 habitants, n’a qu’un seul conseiller communautaire alors que Lyon en a 57.

Premier enseignement, la conquête du Grand Lyon par l’UMP passe nécessairement par le basculement des communes fortement peuplées de l’Est lyonnais de gauche à droite.

Pour ce faire, l’UMP n’a pas élaboré de stratégie particulière. Comme à chaque élection municipale, un candidat a été investi. Sur ces terres de gauche, la droite nourrit toutefois quelques espoirs pour ces élections, notamment en raison des divisions de la gauche :

  • A Bron, avec l’affrontement entre la maire sortante Annie Guillemot et Elisabeth Brissy-Queyranne
  • A Décines-Charpieu, le maire sortant Jérôme Sturla (PS) devra affronter une liste Front de gauche unie avec une dissidente socialiste. Nicolas Sarkozy y était également arrivé devant Hollande aux élections présidentielles de 2012.
  • A Rillieux-la-Pape, avec l’affrontement entre le PS Renaud Gauquelin et Jean-Christophe Darne, le fils de Jacky Darne (ancien président de la fédération socialiste du Rhône, exclu du parti depuis ce soutien) et qui l’avait fait maire.

L’UMP compte également sur quelques communes où Nicolas Sarkozy a fait de bons scores aux dernières élections présidentielles :

Enfin, l’UMP mise sur Saint-Priest où le FN pourrait obliger à une triangulaire, avec la liste de la maire sortante PS Martine David.

 

A l’Ouest, punir les « traîtres » et reconquérir le Grand Lyon

Pour l’Ouest lyonnais, il en va tout autrement. Paradoxalement, la terre qui lui semblerait la plus hospitalière est en réalité peut-être plus difficile à conquérir. Certes, Nicolas Sarkozy y a réalisé de très bons scores au second tour des élections présidentielles de 2012. Mais aux élections locales, les électeurs sont habitués à voter pour des maires « sans étiquette », « apolitique » de tendance divers droite.

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Michel Reppellin, maire de Collonges et chef de file du groupe Synergies ©Grand Lyon

Depuis l’élection de Gérard Collomb à la mairie de Lyon, ces maires de droite soutiennent sans complexe le maire de Lyon au sein d’un groupe nommé Synergies-Avenir. Ce qui a eu le don d’agacer au plus haut point la direction de l’UMP du Rhône.

En 2008, le président de la fédération de l’UMP, le député-maire de Caluire, Philppe Cochet, avait réussi à convaincre un certains nombre de ces maires de rejoindre l’UMP.

Mais pas suffisamment. Cette offensive contre les « traîtres » avait même conduit certains à rejoindre Synergies et, donc, la majorité de Gérard Collomb. Même si ce dernier n’avait plus besoin d’eux pour s’assurer une majorité, le président du Grand Lyon les a quand même intégrés à sa majorité et à son armée mexicaine composé de 40 vice-présidents.

Ce qui a permis au président du Grand Lyon de ne pas dépendre que de ses alliés de gauche parfois remuants. On pense notamment à l’attitude du PCF et d’EELV sur le dossier de l’eau. Aujourd’hui les maires Synergies-Avenir représentent 23 communes*.

Pour ces élections municipales de 2014, la direction départementale de l’UMP a décidé de prolonger et d’approfondir la stratégie mise en place en 2008, comme l’explique le maire de Meyzieu, Michel Forissier, son secrétaire départemental :

« En 2008, on visait surtout les grandes villes. Là on pointe les petites ».

 

Les vice-présidents de Gérard Collomb dans le viseur de l’UMP

L’UMP ne vise pas toutes les communes de l’Ouest lyonnais dont le maire serait divers droite. Il y a des candidats UMP face à des « DVD » (divers droite) là où les maires sont les principaux vice-présidents de Gérard Collomb, ou bien l’étaient. Une façon de viser les chefs de file du groupe Synergies.

La liste s’établit ainsi :

  • Sathonay-Camp : le maire Pierre Abadie, 16ème vice-président du Grand Lyon en charge de la Voirie et accessibilité affrontera pour la première fois un UMP, Frédéric Fassina.
  • Dardilly : la maire, Michèle Vullien, 11ème vice-présidente en charge de la « Coordination du pôle politique des déplacements et mobilité » et membre du Sytral, affrontera l’UMP Jean-Yves Deloste.
  • Collonges-au-Mont-d’Or : même si le maire, Michel Reppellin, 3e vice-président en charge du développement durable, ne se représente pas, l’UMP a investi Claude Reynard.

A cette liste s’ajoute, la commune de Craponne dont le maire n’est pas dans l’exécutif du Grand Lyon. Quant à Charbonnières-les-bains, c’est au sein de l’UMP que les candidats à l’investiture se déchirent. Il y aura donc plusieurs listes d’UMP dissidents… Mais pas une seule liste de gauche.

C’est aussi à l’aune de cette stratégie de reconquête qu’il faut comprendre la présence de deux candidatures UMP face aux maires sortants UDI de Tassin-la-Demi-Lune et Saint-Genis-Laval, également vice-présidents de Gérard Collomb au Grand Lyon.

Même si Michel Forissier prétend qu’il ne s’agit que de « primaires », le maire de Tassin, Jean-Claude Desseigne ne peut s’empêcher de penser que l’UMP lui « fait payer » sa participation à la majorité de Collomb.

 

Démasquer le socialiste derrière l’ »apolitique de droite »

Les maires des communes Synergies qui veulent rempiler en mars prochain se présentent devant les électeurs comme « apolitiques », « sans étiquette ». En tout cas, éloignés des logiques des partis politiques. Quand nous les interrogeons, ils disent volontiers que leur « sensibilité est à droite ».

« Mensonge », répondent les candidats UMP. Elaborés au niveau départemental, les éléments de langage reprennent le discours que tient le leader de l’UMP lyonnaise Michel Havard à propos de Gérard Collomb :

« Il se dit centriste à Lyon et vote les projets de loi du gouvernement au Sénat, à Paris ».

Dardilly-Tract-UMP
Tract UMP à Dardilly

Dans l’Ouest lyonnais, les maires sortants divers droite sont accusés d’être des « socialistes » ou de tenir un double discours. A Dardilly, voici comment l’UMP Jean-Yves Deloste qualifie la maire, Michèle Vullien :

« Elle manque de transparence. Elle se dit apolitique à Dardilly. Mais au Grand Lyon, elle soutient Gérard Collomb qui est socialiste et vote les lois d’Hollande. La gauche n’a d’ailleurs jamais présenté de candidat car elle est représentée par la maire de Dardilly. »

Michèle Vullien pointe une « campagne formatée » qui consiste « à répéter que les vice-présidents de la communauté urbaine sont des socialistes masqués ». Et de rappeler que l’ouverture chère à Gérard Collomb concerne des maires UDI mais aussi UMP, comme le maire de Jonage, Lucien Barge.

 

L’accord entre les maires de droite et Gérard Collomb sera-t-il renouvelé ?

La maire de Dardilly, comme son collègue de Collonges-au-Mont-d’Or, Michel Reppelin, défend le « bon » accord qu’ils ont passé avec Gérard Collomb en 2001 et reconduit en 2008 :

  • un tiers des investissements pour la ville centre.
  • un tiers pour des investissement qui concerne l’ensemble de l’agglomération.
  • un tiers pour les communes en dehors de la ville centre.

« Nous ne sommes pas aux ordres de Gérard Collomb », précise le chef de Synergie, Michel Reppelin, qui prend sa retraite en mars :

« On contrôle ces investissements et la répartition. Quand une délibération ne nous plaît pas, nous déminons avant le conseil communautaire. Nous avons montré que nous étions indépendants. Etre dans l’exécutif a profité à nos communes ».

Pour autant, les vice-présidents de Gérard Collomb, qu’ils soient Synergies ou UDI, ne signent pas un blanc-seing à Gérard Collomb. Tous disent qu’ils jugeront sur « un projet » même s’ils préfèrent « pour qu’il n’y ait pas de distorsions » que le maire de la ville-centre soit également le président du Grand Lyon.

« Il faut dépasser le stade politicien, nous nous prononcerons sur un projet », annonce Jean-Claude Desseigne, le maire de Tassin.

Ce que l’élu UDI nomme « une majorité de projet », d’autres, à l’UMP, appelle ça « aller à la soupe » ou « se faire acheter avec une vice-présidence ».

 

*Les communes dont les maires sont adhérents du groupe Synergies-Avenir au Grand Lyon :
Ne peuvent adhérer que les élus qui n’ont pas reçu l’investiture d’un parti et qui ne siègent pas dans un groupe politique :
Albigny-sur-Saône
Cailloux-sur-Fontaine
Champagne-au-Mont-d’Or
Charbonnières-les-bains
Charly
Collonges-au-Mont-d’Or
Couzon-au-Mont-d’Or
Craponne
Dardilly
Fleurieu-sur-Saône
Fontaines-Saint-Martin
Fontaines-sur-Saône
La-Tour-de-Salvagny
Lissieu
Montanay
Neuville-sur-Saône
Poleymieux-au-Mont-d’Or
Rochetaillée-sur-Saône
Saint-Cyr-au-Mont-d’Or
Saint-Didier-au-Mont-d’Or
Saint-Genis-les-Ollières
Saint-Romain-au-Mont-d’Or
Sathonay-Camp

 

 


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