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Parano ou victime ? David Hallyday a-t-il plagié le lyonnais Nacer ?

DANS NOS ARCHIVES / Le chanteur lyonnais accusait David Hallyday d’avoir plagié un de ses titres. Ce lundi, le tribunal a pris sa décision. Celle de ne pas nommer d’expert judiciaire, ce que demandait le chanteur lyonnais pour analyser la similitude supposée entre les deux chansons. Mais 13 ans après la sortie de l’album, Nacer Amamra ne lâche pas l’affaire et annonce qu’il va faire appel.

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Nacer AmamraNacer Amamra au tribunal de grande instance de Lyon ce lundi 9 septembre 2013 © Lucile Jeanniard/Rue89Lyon

(Article initialement publié le 10 septembre 2013)

Ce lundi se tenait un procès peu banal devant le tribunal de Lyon. Un chanteur lyonnais accuse David Hallyday d’avoir plagié un de ses titres, 13 ans après la sortie de l’album. Qui est ce Nacer Amamra ? Au choix : un artiste parano en quête de célébrité ou une victime de l’industrie musicale.

En 1987, Nacer Amamra (nom de scène Nacer) compose une chanson, intitulée « Tu nous laisses », une ballade sirupeuse écrite en hommage à son père tout juste décédé. Il déposera son titre auprès de la SACEM en 1995. Deux ans après, il décide d’adresser sa chanson au label Universal Mercury, qui indiquera par courrier ne pas être intéressé. En 1999 pourtant, Nacer Amamra reconnait son titre « dès les premières notes » lorsqu’il entend pour la première fois « Tu ne m’as pas laissé le temps » de David Hallyday. La chanson du fils de Johnny a connu un certain succès en se classant pendant une semaine à la première place des ventes de singles en France.

L’artiste lyonnais attendra pourtant 13 ans avant de porter l’affaire en justice. Et lorsqu’on lui demande pourquoi, Nacer Amamra explique qu’il avait d’abord contacté un premier avocat avec lequel il était question d’attaquer en justice, « mais ça ne s’est pas fait » :

« Pour nommer un expert judiciaire qui pourrait dire si oui ou non il y avait plagiat, je devais débourser une certaine somme d’argent que je n’avais évidemment pas. Pendant 13 ans, j’ai donc essayé de réunir cet argent, en vain. »

Et d’ajouter :

« En plus de ça, j’ai appris par la suite que l’avocat en question connaissait bien Pascal Nègre, le président d’Universal Music France… »

Nacer est-il une victime de l’industrie musicale ou a-t-il simplement une imagination débordante ? En tout cas, il retentera sa chance 13 ans après. Son but ? Obtenir une reconnaissance artistique et une réparation financière. Une première audience a eu lieu le 17 juin, mais le procès a alors été renvoyé à ce lundi 9 septembre. Pour Maître Aminata Sonko, l’avocate de Nacer, l’objectif de cette nouvelle audience est de faire nommer un expert judiciaire.

« Des expertises ont été menées de chaque côté de la barre, mais pour montrer notre bonne foi, on demande une expertise plus neutre », explique Nacer.

 

Un signe qui en dit long pour Nacer : son chiffre fétiche dans le clip de David Hallyday

 

Pour les avocats de la partie adverse, il est clair que l’affaire sera vite pliée. De ce côté de la barre, l’objectif du jour est simple : faire écouter les deux titres à la suite pour montrer qu’il n’y a « aucune similitude », comme l’affirme Me Benhamou, l’avocat parisien de David Hallyday.

Et il est vrai que la ressemblance entre les deux titres est loin d’être flagrante. Mais persuadé d’avoir affaire à un plagiat de son œuvre, l’artiste qui vit aujourd’hui à Villeurbanne, a créé une vidéo qu’il a posté sur son site, afin de prouver sa bonne foi. On vous laisse juger par vous-même…

« Laisser », « seul au monde », « souvenirs », « sans prévenir »… Pour Nacer, le fait que ces mots se retrouvent dans les deux chansons n’est pas le fruit du hasard. Même si le thème de « l’hommage à un proche décédé est universel », comme le rappellent les avocats de David Hallyday. Ces derniers l’assurent : le droit d’auteur ne protège pas une idée.

Pourtant, Nacer Amamra se sent bel et bien floué. Au delà du thème, il pointe d’autres éléments qu’il juge troublants :

  • Son texte initial parlait de désert, or le clip de David Hallyday est tourné dans le désert, « comme par hasard », ajoute l’artiste.
  • Toujours dans ce clip, David Hallyday porte un T-shirt avec le chiffre 5 dans le dos, le chiffre fétiche de Nacer : il est présent dans le nom de son groupe, « Five day’s a week », mais c’est aussi la date de sa naissance et de la mort de son père.

Des points communs entre les deux titres qui restent très minces, même si pour l’artiste, un brin parano peut-être, ils sont évidents.

 

L’artiste lyonnais s’insurge contre le refus de la partie adverse de toute expertise judiciaire alors qu’elle pourrait permettre de clore définitivement le débat.

 

« Mes chansons sont dignes de faire partie du patrimoine culturel français »

 

Du côté de la défense, on s’étonne sur un autre point :

« C’est le monde à l’envers, c’est nous qui apportons les deux titres pour les écouter lors de l’audience et même pas le plaignant ! »

Déjà au moment de la conférence de presse que Nacer avait organisé le 20 juin dernier avec son avocate Me Aminata Sonko, ils avaient refusé de faire écouter les deux titres à la suite pour d’obscures « raisons juridiques », rapportait Le Progrès.

En présence des deux parties, la présidente du tribunal écoute donc successivement les deux titres. Elle n’a pas semblé particulièrement convaincue. Elle rendra son verdict le 30 septembre. Pourtant, à la sortie de l’audience, l’artiste se dit confiant.

« Si la présidente regarde bien toutes les pièces, ça devrait passer. Et ça doit passer parce que depuis ce plagiat, je ne peux rien faire, ils ont complètement stoppé ma carrière ».

Quelle carrière ? A 43 ans, Nacer se fait désormais appelé Kevin Ace. Son site ne parle quasiment que du « plagiat ». Lui qui dit avoir auto-produit cinq albums au succès confidentiel a désormais peur qu’on lui « vole » ses chansons :

« Je les garde pour moi. Je ne sors plus d’album et ne fais plus de concerts. Sans aucune prétention, mes chansons sont tout à fait dignes de faire partie du patrimoine culturel musical français. »

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