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Offensive des antinucléaires à la centrale du Tricastin

Ce lundi, la centrale nucléaire de Tricastin a été la cible de deux actions coup de poing. Greenpeace l’a pénétrée pour demander sa fermeture. Et des marcheurs du réseau « Sortir du nucléaire » y ont fait escale, dénonçant le laxisme de l’exploitant, contre lequel il a déposé un recours.

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Greenpeace a encore frappé fort ce lundi matin.

« Tricastin: accident nucléaire »

« François Hollande : président de la catastrophe? »

Tels sont les messages des banderoles que Greenpeace a installé au cœur de la centrale nucléaire du Tricastin (Drôme), à proximité des réacteurs 1 et 3, ce lundi. Plusieurs dizaines de militants ont en effet pénétré dans la centrale en escaladant les infrastructures vers 5 heures du matin. 29 d’entre eux, de nationalité française, russe, espagnole, roumaine, belge, italienne, portugaise, suisse et allemande, ont été interpellés et placés en garde à vue.

Les militants ont escaladé les infrastructures. © Greenpeace

Des sanctions plus sévères ?

Le ministère de l’intérieur se veut rassurant, expliquant que les militants « ont été immédiatement détectés ». EDF, qui va porter plainte, précise qu’« il n’y a pas eu de pénétration dans les enceintes de sécurité. » Un porte-parole de la place Beauvau, Pierre-Henry Brandet, déclare même :

« C’est une action médiatique qui ne représente pas de danger pour la sécurité des installations »

Le gouvernement a toutefois commandé un « rapport d’inspection sur les conditions de l’intrusion » des militants.

Sur Europe 1, le président du groupe EELV au Sénat, Jean-Vincent Placé a salué « une action citoyenne » :

Un peu plus tard, alors qu’il donnait une conférence de presse à l’Elysée au côté du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon, François Hollande a réaffirmé sa confiance dans le niveau de sécurité des centrales nucléaires :

« La France est très attachée à la sécurité nucléaire et l’Autorité de sûreté nucléaire y veille, c’est sa mission (…) Elle a donné d’ailleurs toute garantie pour nous assurer que cette sécurité nucléaire est absolument respectée. »

Et le gouvernement a annoncé dans un communiqué qu’il étudiait la mise en œuvre de « sanctions pénales plus lourdes » contre les écologistes faisant intrusion sur un site nucléaire.

 

« Risques de sûreté »

A travers cette action, Greenpeace en appelle à la fermeture de la centrale :

« Comme Fessenheim, la centrale du Tricastin est une de celles qui connaît le plus de risques de sûreté et d’agressions externes naturelles ou humaines »

L’organisation écologiste rappelle notamment que cette centrale, mise en service en 1980, est la troisième plus âgée du parc français, qui a dépassé sa durée de vie initialement prévue, que la cuve du n°1 comporte des fissures. Elle est par ailleurs sujette aux risques d’inondation, de séisme et à « un important risque industriel », estime Greenpeace sur un site qui relate en direct l’action.

Selon l’organisation, cette centrale n’a même plus de raison d’exister :

« La centrale du Tricastin a été construite pour alimenter l’usine d’enrichissement d’uranium George Besse I voisine. Cette usine est fermée depuis le 31 mai 2012. Depuis avril 2013, sa remplaçante, Georges Besse II, a pris le relais en consommant 50 fois moins d’électricité. Quand on sait que l’usine Georges Besse n’a plus besoin de l’électricité produite par les quatre réacteurs de Tricastin, sa fermeture relève du simple bon sens. »

Vidéo de Greenpeace

Un recours déposé par « Sortir du nucléaire »

Ce type d’action n’est pas nouveau pour l’organisation écologiste. En mai 2012, par exemple, un des militants de Grenpeace s’était posé en paramoteur (sorte de parapente) sur le toit d’un réacteur de la centrale du Bugey (situé à 35 km au Nord-Est de Lyon). Il avait été condamné à six mois de prison avec sursis.

Cette fois, l’action s’est déroulée alors que, dans le cadre d’une « Marche sur la route de l’uranium », organisée par le réseau « Sortir du nucléaire », plusieurs marcheurs étaient attendus à la centrale du Tricastin dans la journée. Arrivés vers 11 heures, ils ont dénoncé le laxisme de l’exploitant de l’usine de transformation Comurhex. Le réseau explique qu’en février 2012, un conteneur d’une substance dangereuse a été rempli au delà de la limite autorisée, puis pris en charge sans que personne ne s’en aperçoive. Ce n’est que deux mois après que cette erreur a été signalée :

« Cette violation n’a pas provoqué d’accident grave, mais aurait pu avoir des conséquences en terme de sûreté. On peut légitimement s’interroger : pour une violation des règles de sûreté détectée, combien sont passées sous silence avec complaisance ? La Comurhex Pierrelatte n’est pas une confiserie et de tels problèmes peuvent avoir des conséquences lourdes pour les travailleurs et les riverains. »

« Sortir du nucléaire » a déposé plainte en janvier contre l’exploitant.

> Article actualisé à 12h30, avec le recours de « Sortir du nucléaire » et à 15h avec la réaction de François Hollande et un nouveau décompte du nombre d’arrestations.


#Centrale nucléaire

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