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29/03/2024 date de fin
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Parodie hard

Vu de mon canapé,

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si le récent Die Hard 5 est un poil plus regardable que le poussif Die Hard 4 sorti en 2007, le résultat n’arrive toujours pas au talon des trois premiers épisodes tournés entre 1988 et 1995.

Lorsque sort Piège de Cristal (John McTiernan, 1988) le film fait de Bruce Willis, star de la télévision dans Clair de lune, une star du cinéma sans qu’il change d’un iota sa façon de jouer.

Mais le héros qu’il incarne est d’une nouvelle trempe. Vulnérable et sensible, il remise au grenier les super héros à mâchoire carrée incarnés sans nuances à l’époque par Stallone, Schwarzennegger et consorts, tous spécialistes en explosif, karaté et armes avant-gardistes, pour nous proposer un flic de New York tout à fait quelconque, spécialiste en rien mais doté d’un solide sens de l’humour et du don de se retrouver systématiquement au mauvais endroit au mauvais moment.

Un antihéros qui termine ses aventures écorché du crâne aux doigts de pieds, en loques et constamment sidéré d’avoir survécu aux attaques des plus infâmes terroristes.

Une parodie hard

Le personnage évoluera peu durant les deux aventures suivantes, 58 minutes pour vivre (Renny Harlin, 1990) et Une Journée en enfer (John McTiernan, 1995). On continuera de suivre avec sympathie ses démêlés conjugaux et ses problèmes d’alcool qui interfèrent avec son boulot de flic, contribuant à faire de McClane un personnage hautement sympathique et humain, et surtout, parfaitement crédible. Cette crédibilité, McClane va commencer à la perdre dans Die Hard 4, Retour en enfer (Len Wiseman, 2007). Si, dans les premières minutes, on retrouve notre flic looser et désabusé, il va se transformer en une sorte de héros indestructible qui ne s’étonne plus de survivre à des cascades improbables et absurdes, et qui finit même par s’auto-parodier. Tout ce qui avait fait le succès et l’originalité des trois premiers films a été gommé au profit d’un festival pyrotechnique insensé dicté par les lois du box office. Premier effet, les vannes ne font plus rire. Dans Piège de Cristal, un bon mot lâché dans un conduit d’aération suffisait. On riait avec McClane, on était avec lui dans le conduit, on y croyait. Le même bon mot lancé au milieu d’une joute entre un semi-remorque et un avion de chasse ne fonctionne plus.

« Je suis en vacances ! »

Et tout cela se confirme cette année avec le cinquième épisode, Die Hard : une belle journée pour mourir, réalisé par John Moore. Désormais, Bruce Willis incarne une sorte de variante humoristique de David Dunn, son personnage dans l’excellent Incassable (M.Night Shyamalan, 2000), un monsieur tout-le-monde qui prend conscience de ses super pouvoirs. Sauf que là où Dunn découvre, effrayé, qu’il peut porter 300 kg à bout de bras, McClane assume complètement sa mutation et sombre dans la parodie. Quand les producteurs des James Bond intellectualisent 007 et lui donnent de l’épaisseur après des années de fantaisie gadgétisée, ceux de la franchise Die Hard exécutent la manoeuvre inverse et font d’un personnage relativement profond et humain une sorte de héros de bande dessinée pour lequel on ne tremble plus et dont on n’a plus envie de partager les vannes, convenues, téléphonées, comme ce « je suis en vacances ! » que McClane répète sans cesse dès qu’il se fait canarder dans les rues de Moscou.

Même ses relations tendues avec son fils, timide tentative d’insuffler un peu d’émotion entre deux pétarades, nous laissent froid. On connait la chanson, il était déjà fâché avec madame dans les épisodes 1, 2 et 3, et avec sa fille dans l’épisode 4. L’occasion de nous ressortir le couplet éculé du flic qui regrette d’avoir fait passer sa carrière avant sa famille. La B.O. de Marco Beltrami en fait aussi des tonnes, ses fanfares wagneriennes tonitruantes nous faisant regretter le justement regretté Michael Kamen qui, dans les trois premiers opus, savait créer la tension sans nous faire saigner les oreilles.

Die Hard 6 ?

Cependant, même si l’on sort déçu de n’avoir toujours pas de nouvelles du John McClane des débuts et qu’on rêve d’un Doliprane, on ne s’ennuie pas une seconde. C’est bien fait, pas trop long (1h30), les seconds rôles, notamment le trop rare et excellent Sebastian Koch (La vie des autres, Black Book…) servent une intrigue qui n’a guère d’autre intérêt que de faire se succéder des scènes d’actions spectaculaires et parfaitement bien réglées, notamment la poursuite en camions dans Moscou. Il n’empêche, après sa fille et son fils, on se demande avec qui McClane tentera de se rabibocher dans un futur et probable Die Hard 6. Sa mère ? Son voisin de palier ? Son chien ?

Et pourquoi pas avec son public ?

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