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Polémiques et provocations, épisode 3 : les séries télé

Blog/ L’éthylotest étant ENFIN retombé de la stratosphère, suite et presque fin du bilan culturel de l’année 2012. Aujourd’hui, les séries.

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Le tiercé de tête :

3. South Park saison 16

Exception faite de leur monumental diptyque central (constitué des épisodes You’re getting old et Ass burgers), Trey Parker et Matt Stone avaient totalement bâclé la saison 15, le temps d’aller faire les kékés à Broadway avec leur spectacle Book of Mormons. C’est un fait, on ne peut pas le nier, c’est HISTORIQUE.

Maintenant que leur esprit est enfin libéré, le binôme se rattrape largement en délivrant deux chefs-d’œuvre (Cash for gold et I should have never gone Ziplining), cinq épisodes mémorables (Faith Hilling, Cartman finds love, Sarcastaball, Raising the bar et A scause for applause) et un seul vrai ratage (Going native).

Ce qui, pour une saison de 14 épisodes produite dans des conditions toujours aussi chaotiques, relève du miracle à louer encore et encore. Pour ce qui est de l’inspiration et de la créativité comique, Stone et Parker sont toujours au sommet.

2. Sherlock saison 2

Pour une raison connue d’eux seuls, Steven Moffatt et son équipe foirent toujours le second épisode. Updater Le Chien des Baskerville avec force complots militaro-industriels et virées hallucinogènes des années 80 : nope, mauvaises idées.

Mais pour ce qui est des deux autres livraisons, attention. Niveau intelligence d’écriture, idées de mise en scène, direction d’acteurs, humour savamment décalé et puissance d’addiction, Sherlock met à l’amende 95% (à vue de nez, hein) de la production télévisuelle ET cinématographique.

1. Breaking Bad saison 5, première partie

Remontez un peu en arrière sur ce blog pour me voir étendu en long, large et travers sur le sujet. Vivement la suite, foutredieu.

Les queues de peloton :

Dexter saison 7 et Homeland saison 2

Sale temps pour les fils de pute. Une série dont le héros est un enfoiré, c’est bien. C’est une bonne idée, c’est frais, ça fait frissonner la ménagère et fantasmer sa conne de fille (surtout si c’est un beau gosse taciturne).

Mais le but du jeu, pour garder l’œil un minimum ouvert, reste quand même l’évolution des personnages – revoir encore une fois Breaking Bad pour s’en convaincre.

Depuis la fin de sa saison 2, Dexter Morgan est un tueur en série monolithique, invincible, insoupçonnable, et qui ressent des trucs de temps en temps. Point barre.

D’une saison à l’autre, soit les auteurs optent pour la surenchère gorasse, soit ils essaient de traiter un thème subalterne (le pouvoir, la famille, la religion) à la va comme je te pousse, avec systématiquement un nouveau tueur super méchant, et une personne qui semble comprendre notre héros. Le cliffhanger de la saison 6 promettait un retournement de situation énorme, mais finalement il n’en sera rien.

La série continue d’aligner son cahier des charges en dépit de toute cohérence et de tout le semblant de construction dramatique emmagasiné jusqu’alors. Les personnages, ravalés au rang de simples marionnettes exécutantes, attendent benoîtement qu’on veuille bien les détacher.

Adaptation tunée à l’américaine d’une série israélienne il est vrai assez chiante, la saison 1 d’Homeland était un cas d’école de scénario verrouillé, dont les enjeux devaient se régler en quelques épisodes. L’audience ayant parlé, le kamikaze raté et l’enquêtrice bipolaire se doivent de jouer au chat et à la souris jusqu’à épuisement, ce n’est pas non plus comme s’ils avaient le choix.

Alors tu es gentil, tu prends ta suspension d’incrédulité, tu fais un joli nœud marin et tu te pends avec. A peine élu membre du Congrès, Brody se voit proposer un ticket présidentiel ? OK, soit. Après avoir tenu des années face aux tortures, il craque au bout de 24 heures chrono (référence, dude, référence) d’interrogatoire ? Euh, peut-être, oui, pourquoi pas. Saul parvient à convaincre des experts de la CIA que Carrie se fait troncher dans un motel pour les aider ? Je… Un nouveau perso grave menaçant déboule, inquiète, mobilise toutes les forces avant de disparaître d’une balle presque perdue sur un parking ? Le syndrome Dark Knight Rises, sûrement.

Une sous-intrigue plagie, pardon, rend hommage maladroitement au Bûcher des Vanités ? Bitch please. Jusqu’aux deux derniers épisodes, cette saison donne l’impression de ne pas savoir où elle va, ses acteurs de ne pas savoir où ils sont, la mise en scène de faire ce qu’elle peut pour tenir debout. En douze heures, il s’y passe autant de choses que dans une poignée d’épisodes de 24, en beaucoup plus ronflant et encore moins crédible.

Les pétards mouillés :

XIII.2 et Les Revenants

Dans son immense bonté, Canal + nous a fourni cette année deux représentations fictionnelles de la légendaire « ultra-gauche » vilipendée en son temps par Michèle Alliot-Marie : les terroristes fourbes et décadents de la saison 4 d’Engrenages, qui ont bien dû faire pouffer Julien Coupat et ses potes de Tarnac ; puis les éco-militants super influençables de XIII.2.

Dans ce dernier cas, la « cause » (forcément utopique) n’en sort pas vraiment grandie, tant le groupuscule fait montre d’une incompétence et d’une ambivalence égales, noyé dans une invraisemblable intrigue d’inspiration lourdement conspirationniste, sortie tout droit des rêves mouillés d’Alain Soral. Moralité ? L’extrême-gauche fait vendre, coco !

Pour ce qui est des Revenants, c’est une autre paire de manche. Sur la foi d’un premier épisode très prometteur et surtout de sa conclusion monstrueuse, tu pardonnais beaucoup de choses. Les clichés énormes (revoyez les scènes avec le groupe de rock dans le second épisode…), les erreurs de casting franchement gênantes (Anne Consigny et Samir Guesmi en tête), les répétitions ronflantes, les digressions inutiles, les cliffhangers énormes sitôt oubliés à l’épisode d’après…

Et on en passe. Non mais attends, avec Emmanuel Carrère au scénario, tout cela doit avoir un sens, c’est de la construction, dude. Le doute persiste de semaine en semaine, puis arrive le catastrophique épisode 6, condensé hardcore de toutes ces scories qui ne feront que grandir, grandir, grandir pour finalement gerber une conclusion théâtralisée jusqu’au grotesque.

Le « fuck you, bitches » :

Charlie Sheen dans Anger Management

L’intérêt de Mon Oncle Charlie n’était pas l’écriture faussement trash et vraiment vulgos de Chuck Lorre et ses auteurs, mais belle et bien cette créature odieuse que l’on nomme, avec des hoquets dans la voix, Charlie Sheen. La preuve : en le remplaçant par cette bimbo d’Ashton Kutcher, la série est devenue complètement anodine. Par contre, en reprenant quasiment jusqu’aux décors du show qui fit sa renommée pour sa nouvelle sitcom nombriliste, Charlie Sheen irradie de nouveau de mille feux.

La bande de sales réacs :

How I met your mother saison 8

En des temps immémoriaux, How I met your mother se proposait gentiment de prendre la relève de Friends dans le domaine casse-gueule de la « sitcom de blancs friqués un peu décalés mais trop sympas qui ont vachement de problèmes de cœur, t’sais ». Aujourd’hui, le processus de normalisation des personnages atteint son paroxysme.

Passée la fameuse saison du déshonneur où le héros finissait par vendre son cul au plus offrant, avec un grand sourire de maturité s’il vous plaît, c’est au tour du séducteur inquiétant de la bande de vanter à tour de bras les mérites de l’engagement, en un enfilement de perles quasi revanchardes sur ce qu’était la série dans ses fallacieuses origines.

Idées pour les prochains épisodes : un vaudeville pendant une manifestation pro NRA ; pour le 1er avril, Robin fait une déclaration anti guerre en Irak et vexe ses amis ; la bande regarde des vidéos tournées huit ans plus tôt et rient aux éclats en buvant du Champagne ; Ted découvre que son frère est un Anonymous et se retrouve obligé de le dénoncer aux autorités.

 


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