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Berlusconi, touché mais pas coulé ?

Blog / Un an après avoir présenté sa démission, l’ex Président du Conseil italien Silvio Berlusconi (B. pour les opposants) refait parler de lui. Condamné à un an de prison ferme pour fraude fiscale dans l’affaire Mediaset -et même s’il n’ira jamais derrière les barreaux- le Cavaliere ne compte pas sortir ainsi de la scène politique.

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Souvenez-vous. Il y a très exactement un an, les italiens entonnaient un hallelujah de soulagement devant les portes du Quirinale, siège du gouvernement italien. 21 heures 42, le Cavaliere n’était plus. Aujourd’hui, le quotidien de gauche Il Fatto Quotidiano fait le bilan d’une « année de gouvernement Monti. Une année sans B. »

Coup de grâce le 26 octobre dernier. Berlusconi est condamné à un an de prison ferme par le tribunal de Milan. Berlusconi loin du pouvoir, la justice a enfin pu faire son travail. Enfin pas exactement. Car avec Silvio c’est toujours plus compliqué.
En France on a l’image d’un Berlusconi gaffeur, raciste, homophobe et disons-le, quelque peu bouffon. Sauf que, depuis son entrée en politique au début des années 1990, il a tout pensé, tout calculé. Et il s’est notamment concocté des lois  Ad personam. Des lois sur mesure, par Berlusconi et pour Berlusconi.

Et ce sont ces mêmes lois qui indiquent que le Cavaliere n’ira jamais derrière les barreaux malgré une accumulation de 33 procès en 20 ans. Tout de même, le savoir condamné, même s’il s’agit là que d’un jugement au premier degrès (c’est comme en France, la peine devient effective que si elle est confirmée en appel et en cassation). Quelques exemples de cette législation Ad personam :

– La loi Alfano accordait l’immunité aux quatre plus hautes charges de l’Etat. Elle a depuis était révoquée car inconstitutionnelle.

– La loi d’empêchement légitime qui permet au Président du Conseil et aux membres du gouvernement de justifier leur absence devant la justice en raison de leurs fonctions.

– La loi ex-Cirielli qui instaure qu’après 70 ans, la justice se passe à la maison. Il a quel âge déjà Berlusconi ? Ok.

Un article de Slate.fr détaille tout ce micmac. Bon, il s’agit tout de même de sa quatrième condamnation en première instance. Mais Berlusconi est toujours passé entre les gouttes. En 1997 il est condamné à 16 mois de prison pour faux en bilan lors de l’acquisition de la société de cinéma Medusa. Il est acquité en appel en 2000. En 1998 il est accusé de corruption de juge lors de l’achat par la Fininvest de la maison d’édition Mondadori. Prescription. Toujours en 1998 il est condamné à 28 mois pour financement illégal du parti socialiste à travers une société off-shore, la All-Iberian. Prescription.

Berlusconi, homme du passé ?

On l’aura compris, il s’en sort. Encore et toujours. Mais cette fois, en plus de cette condamnation à un an ferme pour fraude fiscale dans l’affaire Mediaset, Berlusconi va devoir affronter la justice sur deux autres fronts : l’affaire Ruby du nom de cette jeune-femme qui aurait été payée pour des services sexuels alors que mineure lors d’orgies dans la villa du Cavaliere à Arcore, et l’affaire Unipol.

Cette nouvelle condamnation n’a pas provoqué de réaction marquante de l’autre côté des Alpes, comme si la justice venait de « tirer sur une ambulance », selon l’analyse de Marcelle Padovani, correspondante en Italie pour le Nouvel Obs.

Dans un tweet, Eric Valmir qui a été correspondant en Italie pour France Inter durant cinq ans, confirme que « pour les italiens, Berlusconi appartient au passé même s’il parvient à revenir par le Quirinale ». Une option peu probable, même si la condamnation n’est pas suivie d’effet. Car cette sentance sonne comme la condamnation de toute une époque que les italiens souhaitent désormais voir derrière eux.

 


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