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Malbranque, l'école normale sup'

RANK’N’OL #5. Un défenseur qui marque, un attaquant qui se bat, un passeur qui se fait plaisir, un rustre qui régale. Et un type normal qui fait sens. Quand tout devient fou, il en faut bien un qui raisonne. Ouais, comme dans un bon vieux Rank’n’OL.

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Rank'n'OL #5 - Malbranque, normal sup' Gerland
Crédit photo : Le Progrès / Stéphane Guiochon / MaxPPP

 

 

Dimanche 16 septembre 2012, 9ème journée de Ligue 1

Olympique Lyonnais – AC Ajaccio 2-0

Buts : Lovren (25ème) et Lisandro (75ème)

 

Rank'n'OL #5

Notes : la grille d’éval’

 

#1 Rennes-OL 0-1 ; #2 OL-Troyes 4-1 ; #3 Évian TG-OL ; #4 OL-Valenciennes

 

1. Steed Malbranque : il y a la règle, celle qui veut qu’un joueur mette en moyenne entre trois mois et une saison pour poser son empreinte sur le jeu lyonnais. Et puis, il y a les exceptions. On n’en connaissait jusque-là que deux : Jérémy Toulalan et son fameux « quart d’heure pour s’imposer » – entre autres formules cultes lâchées par Houllier –, et Tiago, dont le temps pour ravir Gerland a été inversement proportionnel à celui nécessaire pour se remettre de son départ – pour peu que l’on s’en soit jamais remis un jour. Depuis deux semaines, il faut compter une exception de plus : Malbranque qui n’a mis que vingt minutes pour avoir droit à la reconnaissance du chœur des tribunes. Face à Ajaccio ? On a regardé le chrono : vingt-quatre minutes. Une façon comme une autre de mesurer une performance un brin moins flamboyante que la première, la faute sans doute à l’effet de surprise qui ne peut plus opérer, à ce jeu davantage tourné vers le registre défensif aussi. Pourtant, on n’en revient toujours pas de ces retrouvailles heureuses à chacune de ses récupérations, de ses relances franches comme l’or, autour de cette passe décisive qui envoie Licha au but ou de ces histoires de courses qui célébraient le retour en grand de la classe moyenne la veille dans les pages de l’Équipe : « En Angleterre, j’allais faire mes courses. Ici aussi ! On est des mecs normaux… » Un mec normal, on veut bien. Surtout tant qu’on pourra continuer à convoquer son alter ego, le joueur supérieur. Normalement supérieur.

2. Dejan Lovren : « Lovren is the air / Everywhere I look around. » Maître des airs derrière et donc devant, le grand revenant, qui n’avait pas joué depuis avril, a célébré sa toute récente paternité avec Gerland, ravi surtout de voir (enfin) une vraie défense. De la paire serbo-croate qui en fait fantasmer plus d’un, à coup d’estampille « guerriers » accolée en dépit du bon goût, on a surtout vu le Croate, présent physiquement, précis dans ses interventions et entraînant pour ses coéquipiers. Suffisant certes pour situer Bisevac un cran en dessous. Mais pas pour se remettre à jouer les sales gosses pourris gâtés, prêts à oublier ce qu’ils doivent à leur nouvelle paire en chefs : pas de but encaissé – une première à domicile depuis près d’un an –, Réveillère et Gonalons enfin libérés et ce coup de tronche jubilatoire.

3. Clément Grenier : samedi soir, le petit récital de Camel Meriem avait un air de mélodie du bonheur. Celle du type tout à sa joie de savoir que Grenier ne viendra jamais jouer pour le Gym’. En vrai, Meriem n’est pas le seul type heureux. Car Grenier est à la passe ce que Ben Arfa est au dribble : pas mal de déchet, mais suffisamment de fulgurances pour faire basculer une rencontre. Hier, il a donc délivré, peu ou prou, sa 87ème passe décisive de la saison. Mais il a également prouvé qu’il n’était pas monomaniaque, y allant de ses gestes classieux bien plus compatibles avec une pub Adidas qu’une sobre offrande. On retiendra cette délicieuse frappe en rupture, finalement claquée par Ochoa, que Carrière, Dhorasoo et tous les artistes au shoot d’enfant avaient vu venir avant les autres. Voir avant les autres : l’air de rien, on tient peut-être là le secret de Clément Grenier. Et un peu de son drame aussi.

4. Maxime Gonalons : quelques balles perdues, duels compliqués et autre glissade en deuxième mi-temps en ont sans doute fait tiquer plus d’un. N’empêche, sans Gonalons, pas de Malbranque ou de Grenier. Car Washing Maxime ne se contente plus des seules basses œuvres pour montrer chaque jour davantage qu’il est tout à fait capable d’assurer la distribution, y compris dans le jeu long. Pas encore du Diarra Djila ’06, mais déjà mieux que du Diarra Alou ’06, ’07’, ’08, ’09. Et la suite ? L’éthique du Rank’n’OL nous oblige à refuser toute forme d’acharnement gratuit. Dont acte.

5. Bafétimbi Gomis : on le sentait venir, peut-être pas si tôt. Pourtant, c’est officiel, le 4-3-3 est bien de retour dans la maison lyonnaise. La preuve, le meilleur attaquant de la soirée n’a pas marqué. Pas faute d’avoir essayé : contrôle orienté dos au but, déboulé un rien barré d’un bout à l’autre du terrain ou tête plongeante, tout y est passé. Et comme tous ceux qui s’y sont collés avant lui, de John à Fred en passant par Milan, c’est dos à la défense adverse que s’est joué l’essentiel de sa composition, celle si particulière des grands attaquants pour 4-3-3, types qui ne doivent pas marquer plus que les autres pour que les gars du milieu puissent briller. Pour que la performance puisse s’apprécier à sa juste valeur, faut-il encore que les autres soient à la hauteur. Au risque de devoir s’en remettre à ce genre d’expédient présenté la veille encore comme repoussoir du côté de Rémi Garde : « La culture de ce club n’est pas de se mettre tous derrière et de contrer. » On a beau chercher, on n’a pas trouvé meilleure description du but de Licha (75ème). Un point de plus pour Gomis qui a eu le bon goût de se tenir en retrait de l’action, se rappelant sans doute que lorsque les vrais attaquants marquent, c’est le 4-3-3 qui trinque.

 

Types en question

Lisandro : la question qu’on s’est posée à la 70ème minute : à quoi ça sert de laisser Licha sur le terrain, si ce n’est à obliger Dabo à monter le moins possible ? La réponse de l’Argentin à la 75èmeminute : à rester le type le plus décisif sur les trois secondes du match où il a pu évoluer à la pointe de l’attaque. Licha est bien le roi de la stat’.

Rémi Garde : ce n’est pas à son coaching gagnant qu’on devrait juger la qualité d’un entraîneur, mais davantage à l’épaisseur du coaching en question. On peut ainsi en trouver trois à celui opéré par Rémi Garde face à Ajaccio. D’abord, maintenir le résultat en l’état en faisant entrer des joueurs aux qualités plus défensives (Briand, Mvuemba, Monzon) que les sortants (Grenier, Bastos, Lisandro). Mêler ensuite les dernières recrues (Mvuemba, Monzon) aux affaires du moment pour leur première apparition dans le groupe. S’appuyer enfin sur un groupe élargi en vue d’une période à haute intensité (6 matchs en deux semaines). Gérer la fin de partie pour mieux préparer la suite : c’est à ce genre de savoir-faire qu’on renifle l’entrée imminente dans l’autre saison lyonnaise, celle d’Europe.

Par Pierre Prugneau et Serge Rezza

Retrouvez le Rank’n’OL sur OL Dirty Bastards et sur la 89ème minute.

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