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29/03/2024 date de fin
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Manif contre les expulsions de Roms : deux interpellations

C’est presque devenu une habitude. Depuis 2010 et le discours de Sarkozy sur le démantèlement des camps de Roms, les associations et partis politiques de gauche* organisent, à la rentrée, une manifestation contre les expulsions. Sauf que cette année, la préfecture a annoncé mener une réflexion pour reloger 300 personnes. Deux arrestations ont eu lieu pour des drapeaux noirs accrochés à des manches de pioche.

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Cette manifestation aurait presque pu être une fête pour les 500 personnes qui ont défilé de la place Bellecour à la préfecture du Rhône. Le préfet à l’égalité des chances, Alain Marc, a en effet annoncé à une délégation de représentants associatifs qu’une « réflexion » était menée pour le relogement et l’intégration de 300 Roms, avec comme modèle, l’opération menée par Forum réfugiés auprès d’une centaine de personnes.

Selon les associatifs, plusieurs bidonvilles et squats (à Villeurbanne, Saint-Fons et Lyon) ont été identifiés comme pouvant entrer dans ce futur dispositif. Ils ne devraient pas être évacués.
Depuis la multiplication des expulsions cet été à Lyon, c’est la première fois qu’un représentant de l’Etat va aussi loin dans les promesses.
Cette annonce a toutefois été reçue avec prudence par les militants associatifs. Gilberte Renard de l’association CLASSES (aide à la scolarisation des enfants des squats) reste déçue :

« Si ça se fait, tant mieux pour les 300 personnes. Mais pour les autres, le préfet à l’égalité des chances nous a confirmé que les expulsions vont continuer ».

Avant de porter leurs revendications, la délégation avait demandé la libération de deux personnes interpellées.

 

Manches de pioche et cortège coupé en deux

Vers les 16 heures, cours de la Liberté, la police est intervenue en queue de cortège. Dans leur viseur  : deux personnes portant des drapeaux noirs. Selon une source policière, elles ont été interpellées pour « port d’arme par destination », à savoir un drapeau accroché à un manche de pioche.
Quelques centaines de mètres plus loin, rue de la Part-Dieu, un troisième manifestant de SUD Education, a été arrêté. Une fois vérifiée son identité, les policiers ont contrôlé son sac qui contenait des drapeaux avec des anses en plastique. Il a été immédiatement relâché.

Après la troisième arrestation, le cortège s’est scindé en deux. Les premiers gagnaient la préfecture où la délégation a été reçue tandis que les seconds demandaient la « libération de [leurs] camarades ».
De nombreux manifestants n’ont pas compris pas les motifs de ces interpellations alors que le cortège progressaient dans le calme.
Jacques, militant anarchiste proche des deux personnes interpellées, a tenté une analyse :

« C’est clairement une provocation de la police. Les flics avaient vu les manches de pioche place Bellecour. Ils ne nous ont rien dit pour mieux interpeller après. C’est un bon coup de pression pour détourner l’attention portée au sujet de la manif ».

Les plus vieux militants disaient n’ »avoir jamais vu ça ». Comme Guy Audouy, syndiqué :

« Dans de nombreuses manifs, il y a des manches de pioches pour tenir les pancartes. Il n’y a pas de quoi fouetter un chat. Soit la police a fait une connerie, soit elle a fait exprès pour que ça dégénère ».

Les deux personnes ont été relâchées quelques heures plus tard. L’un avec un rappel à la loi. L’autre avec une convocation à la police.

 

« Des solutions maintenant »

Dans la manifestation, de nombreux participants, parmi lesquelles plusieurs familles roms, considéraient que la politique de Hollande à l’égard des Roms reste dans le prolongement de celle de Sarkozy et ont eu à coeur de rappeler les promesses de François Hollande :

« Je souhaite que, lorsqu’un campement insalubre est démantelé, des solutions alternatives soient proposées ».

Les militants de gauche à l’origine de cette manifestation ont expliqué que la politique menée par le gouvernement est « contraire aux valeurs et aux engagements de la gauche ». Pour trois raisons exposées dans le texte d’appel à la manifestation :

  • On expulse toujours en nombre. 782 personnes ont été expulsées de terrains ou d’immeubles squattés entre le 9 et le 28 aout.
  • Il n’y a toujours aucune concertation avec les associations qui interviennent sur les terrains. Le préfet du Rhône est même accusé de tenir un « double langage », en expulsant alors qu’il annonçait qu’il n’allait pas le faire, comme à Saint-Priest.
  • Suite aux expulsions, il n’y a toujours aucune proposition de relogement. Le tract (imprimé après l’évacuation de la place Carnot) ne mentionne pas le relogement de 24 personnes qui campaient sur cette place.

Les annonces faites par la préfecture du Rhône, si elles se confirment, sont de nature à changer ce constat à charge.

*Liste des organisations qui ont appelé à la manifestation : FNARS, ARTAG,ASET, ATTAC Rhône, CLASSES, Collectif des privés d’emploi et précaires de Vaulx en Velin, COVRA, LDH (69), Europe écologie-Les Verts Rhône, Front de Gauche (PG, PCF, GU, convergence alternative, FASE, Alternatifs, gauche anti-capitaliste ), Maison des Passages, MRAP ; NPA 69, RESOVIGI, RESF, ESC Tassin la Demi Lune, SAF, Demeurant Partout, Ras l’front 69

 

Aller plus loin

Discrètement, le préfet du Rhône régularise une centaines de Roms

 

 

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