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Enfin couché

Vu de mon canapé

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, le retour de Laurent Ruquier et de son émission « On n’est pas couché » (samedi 8 septembre, France 2, 23h00) me semblait être anecdotique jusqu’à ce que je découvre l’arrivée d’un nouveau chroniqueur aux côtés de Natacha Polony. Deux mois de trêve estivale et l’éjection d’Audrey Pulvar m’était sortie de l’esprit. Celle que Nicolas Canteloup surnomme Dame Audrey de la Lunette Panoramique en raison de la taille démesurée de ses verres correcteurs n’avait pourtant pas vu venir le danger et avait été contrainte de rendre son tablier en fin de saison lorsque son statut de compagne d’Arnaud Montebourg avait jeté le doute sur son impartialité. Comme si journalistes et politiques avaient besoin de se retrouver sous la couette pour flirter avec le conflit d’intérêts… Quand d’un politique une journaliste s’éprend, elle s’en prend d’abord plein la figure et doit faire bonne figure avant de s’effacer, c’est ainsi. Le départ du binôme Zemmour & Naulleau en fin de saison précédente paraissait plus judicieux. Leur numéro de duettistes était si bien rodé que, sitôt connus les noms des invités, chanteuse ancienne, résidu de télé-réalité ou philosophe mondain, on savait à l’avance lequel d’entre eux allait se faire dépecer sur place ou au contraire jouir d’une bienveillance un peu dégoulinante qui pouvait être pénible, surtout lorsque Ruquier lui-même prenait la défense de ses amis invités (notamment les membres de la fameuse ‘Bande à Ruquier’ qui officie quotidiennement sur Europe 1) avec l’objectivité d’un journaliste nord coréen.

L’émission commençant tard, il fallait être motivé pour se farcir l’interminable prologue avant d’attaquer enfin le premier invité et découvrir cet Aymeric Caron, nouvel acolyte de Natacha Polony. Ce diplômé de l’Ecole Supérieure de Journalisme de Lille, né en 1971, a débuté comme grand reporter. Pour Canal+, il a entendu siffler les balles autour de lui sur des conflits tels que le Kosovo, l’Afghanistan et le Congo, entrainement jugé suffisant pour l’envoyer présenter Matin infos, diffusé en parallèle sur Canal+ et i Télé. On le retrouve ensuite sur Europe 1 où, pendant l’été, il succède à Fogiel dans la tranche du matin. Il est également l’auteur de Envoyé spécial à Bagdad pendant la guerre, mars-avril 2003, un récit de sa couverture de la guerre en Irak. Voilà pour le CV. Ruquier précise que l’idée lui est venue de l’embaucher après avoir vu Caron se prendre le bec avec Nadine Morano pendant une interview sur i Télé en 2007. Quand on a essuyé des tirs de mortier au Kosovo, voir la mère Morano s’agiter devant soi ne doit pas être trop déstabilisant, diriez-vous ? Certes, mais encore faut-il avoir la culture et l’aplomb nécessaires pour la renvoyer dans ses 22 mètres avec les bons arguments et les exemples qui font mouche. Ce qui fut dûment exécuté par Caron et lui aurait donc ouvert les portes de « On n’est pas couché ». Est-on forcément de gauche parce qu’on cloue le bec de Morano ? En tout cas, miss Polony étant officiellement ancrée à droite, on aurait le droit d’en déduire que Caron a été embauché en tant que contrepoids de gauche.

Samedi soir, pour le lancement de la septième saison, après un bref hommage à Michel Polac décédé cet été et ancien chroniqueur de l’émission, Polony et Caron se sont retrouvés face à un aréopage d’invités venus, comme de coutume, d’horizons bien différents. Un duo de nageurs médaillés (Camille Muffat et Yannick Agnel), deux vieux acteurs de retour sur les planches (Claude Brasseur et Patrick Chesnais), un pilier de bistro (Jean-Marie Gourio), deux auteures (Anna Cabana et Anne Rosencher) pour un livre de plus sur Valérie Royal et Ségolène Trierweiler et enfin, l’invité politique de la semaine, le député Olivier Falorni, tombeur de Ségolène Royal en Charente-Maritime après avoir refusé de lui céder sa place, celui-là même que la nouvelle première dame de France avait soutenu dans un Tweet qui avait enflammé les médias.

Pour se faire la main, Aymeric Caron commence par se payer gentiment le livre de Gourio, « Sex Toy », avant de s’atteler au député Falorni exclu du PS. Laissant Polony entreprendre l’invité, Caron se réveille soudain, comme si dans son oreillette, une voix venue de la régie lui avait dit « oh, réveille-toi, coco, faut y aller ». Dès lors, il se transforme en interrogateur teigneux avec un soupçon d’ironie moqueuse, frôlant même la colère mais tout cela semble joué, un peu faux. Teigneuse, Pulvar savait l’être mais on sentait que cela faisait partie de son tempérament. Ici, la forme gâche le fond car les arguments du petit nouveau, lorsqu’il tente de mettre Falorni devant ses contradictions, ne manquent pourtant pas de sel. Polony quant à elle la joue plus en finesse, onctueuse et douce, mais ses remarques font mouche. Il faudra donc que le remplaçant d’Audrey Pulvar oublie qu’il a été embauché pour s’être étripé avec Nadine Morano et qu’il découvre qu’il peut se payer un politique en restant aimable. Il n’en sera que plus efficace.

Le reste de l’émission est à la hauteur de ce qu’on a connu les saisons précédentes. On est ravis d’apprendre que Claude Brasseur a participé aux championnats du monde de bobsleigh et que Noémie Lvovsky, autre invitée, n’a rien compris au dessin humoristique que Ruquier lui a demandé de choisir. C’est très long, voire interminable et lorsqu’au milieu de la nuit apparaît le générique de fin, on s’extirpe du canapé, on baille en s’étirant et on se dit, un peu couillon, qu’on vient de passer trois heures devant un écran de télévision alors qu’il y a bien d’autres choses à faire un samedi soir.

 

 

 

 

 


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