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Centrifugeuse de visionnage, épisode 3

Quand il n’y a plus de place en Enfer, les critiques des dernières choses vues reviennent sur Terre.

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L’arrivée de Curiosity sur Mars

Toutes mes excuses aux camarades que j’ai fait lever à 6 heures du matin pour voir ça en direct. Respect aux commentateurs français et américains qui ont essayé de rendre vivants les plans larges de l’operation room de la Nasa, gorgés de membres du fan club de The Big Bang Theory en goguette. Toute l’action s’est résumée aux expressions faciales des héros du moment, puis à leur explosion de joie pleine de high five ratés. Il paraît que les Black Eyed Peas étaient là. On ne les a pas vus. Mais on attend de pied ferme le film de la descente et d’autres photos prises par le sosie de Wall-E.

5 ans de réflexion de Nicholas Stoller

Auteur des mémorables Forgetting Sarah Marshall, The Muppets (la dernière version en date) et du génial Get him to the Greek, Nicholas Stoller est l’un des meilleurs bourrins de l’écurie Judd Apatow. Comme beaucoup de films issus de cette prestigieuse tutelle, 5 ans de réflexion est trop long d’une bonne demi-heure, et sa version française est une torture de tous les instants (que voulez-vous, j’habite GRENOBLE, ville très sélective sur ses versions originales, et je ne pouvais PAS attendre la sortie DVD/Bluray). Ceci étant posé, le film s’avère plutôt drôle, vachard (difficile de faire pire publicité au Michigan), et émouvant. Le couple formé par Emily Blunt et Jason Segel fonctionne à la perfection, au détriment de personnages secondaires dont la seule fonction est de relancer la dynamique. Il ne faudra pas se priver de le revoir en VO…

Les chants de Mandrin de Rabah Ameur-Zaïmeche

En complète contradiction avec son personnage public, capable de se mettre à chanter « Beggin’, beggin’ WOO-HOO-HOO » dans un bar bondé (true story, bro), Rabah Ameur-Zaïmeche construit une filmographie taciturne, taiseuse, languide. Son petit dernier n’échappe pas à la règle, même si l’on y devise à foison sur les vertus de la contrebande et la construction de la République. Ces deux éléments ne cessent de se croiser dans une intrigue qui aime prendre son temps, comme si elle se calait sur la diction un rien forcée de Jacques Nolot, l’acteur le plus identifié aux côtés de Rabah Ameur-Zaïmeche himself. Ce dernier, en bloc impassible, livre son interprétation la plus intense, ultime garant de l’intégrité de son projet. Tout en énergie rentrée et rage politique contenue, Les chants de Mandrin marque l’esprit en dépit de ses partis pris minimalistes – pour résumer, on dira que c’est un film qui se mérite.

Truth or dare de Robert Heath

La dernière contribution britannique à la mode crapuleuse du torture porn. Un ado se suicide après une malheureuse partie d’Action ou Vérité ; quelques années plus tard, son militaire de grand frère réunit tous les participants autour d’une variante hardcore du fameux jeu. Jusqu’au dernier acte, Truth or dare fait le job et expédie ses acteurs convaincants (chose suffisamment rare dans le genre pour être soulignée) ad patres avec une régularité appréciable. Comme dans le récent Panic Button, les personnages sont pour la plupart des connards arrogants expiant leurs fautes dans la torture morale puis physique. Rien de nouveau sous le soleil, jusqu’au retournement de situation finale. Le film atteint alors des sommets dans l’amoralité crasse et dans l’unique discours jamais tenu par l’écrasante majorité des torture porn : si tu as souffert un max et bien saigné, tu trouves la rédemption et tu peux donc te venger comme tu veux. A ce niveau d’irresponsabilité, ça en devient presque remarquable.

Hell on Wheels (AMC)

Pour tous les déçus de la saison 2 de Justified et les frustrés de la fin de Deadwood, voici la relève badass, sale, redneck et hargneuse. Ça hume l’ouest pas super wild wild de l’Amérique post Guerre de Sécession. On y suit le chemin de croix de Cullen Bohannan, ancien soldat sudiste prêt à tout pour venger le viol et le meurtre de sa femme. A deux doigts de l’alcoolisme, il se fait engager comme contremaître sur la construction du chemin de fer transcontinental, avec d’anciens esclaves sous ses ordres. Les frères Gayton, créateurs du show, ont bien digéré leur Histoire et leurs influences. Si les thèmes évoqués, tous liés à la “naissance d’une nation“, évoquent souvent Deadwood, la série se démarque de cette pesante férule grâce à ses choix de mise en scène audacieux, parfois ratés (les scènes avec les indiens fonctionnent une fois sur deux), mais qui relèvent l’ensemble quand la complexité affectée des scripts a tendance à lambiner. Cerise sur le gâteau, le personnage principal ressemble quand même furieusement à John Marston, le héros des jeux Red Dead Redemption.

L’Ombre du mal de James McTeigue

McTeigue a fait vendre des milliers de masques aux Anonymous avec son adaptation de V pour Vendetta, puis s’est ridiculisé avec le stupéfiant (dans tous les sens du terme) Ninja Assassin. Vu qu’on lui sert un script pas trop dégueulasse sur un plateau boisé, il ne va pas faire le mufle : exit les scènes d’action pompeuses, les ralentis orduriers. Le calme lui sied bien : L’Ombre du mal, tout convenu et empesé soit-il, est plutôt plaisant à suivre et ne suscite qu’un ennui très, très poli. Jusqu’à la fin, évidemment. Heureusement que personne ne l’a vu et n’a fait la connerie de relever la coïncidence “troublante“ entre la sortie du film et la tuerie d’Aurora (ici, un fan d’Edgar Allan Poe reproduit les meurtres de ses nouvelles), tant James McTeigue flingue toutes les ambiguïtés du scénario avec son goût destructeur pour le tape-à-l’œil. La fin aurait dû être superbe, elle n’est que gênante.

Juan de los Muertos d’Alejandro Brugués

Il y a beaucoup trop de films de zombies en ce moment. Mais alors, beaucoup, beaucoup, beaucoup trop, le pire étant qu’il se ressemble tous. Aussi, quand une œuvre du cru se distingue du lot, tout le monde se met à hurler en agitant les bras (ou pas loin). Juan de los Muertos (Juan of the dead, si vous préférez) est de ceux-là. Une production cubaine, qui se sert de l’inévitable invasion de morts-vivants pour déballer une comédie empreinte de caustiques remarques sociales. Outre son manque de rythme ou son côté bancal, le plus gros problème de Juan de los Muertos est inattendu : son acteur principal ressemble beaucoup, beaucoup, beaucoup trop à Smaïn.

The Secret de Pascal Laugier

Après Saint-Ange et Martyrs, Laugier s’aventure sur les plates-bandes du Christopher Smith de Triangle. Soit un film de genre dont l’apparent classicisme et les détournements de code accouchent d’un drame d’une tristesse inouïe. Malgré quelques belles idées de cinéma, The Secret peine à se hisser au niveau du chef-d’œuvre de Smith – les variations de mises en scène procèdent trop de la simple manipulation pour être honnêtes, la performance de Jessica Biel n’est pas à la hauteur des enjeux du script, les effets dramatiques sont criards… C’est d’autant plus frustrant que la fin est incroyable. Elle ne fait cependant apprécier le film qu’a posteriori : pour en arriver là, il aura fallu attendre des révélations hoquetées par une série B honnête, mais jamais transcendante.


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