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Théâtre : la Révolution de décembre

Fort d’un manifeste en dix points et d’un équipement de survie qui ferait triper n’importe quel joyeux campeur, Révolution est un spectacle original « organisé » par Olivier Rey. Un appel à la lutte ludique et interactif, qui promet de faire la part belles aux bons mots, aux gestes justes, à la musique, aux images. Le tout préparé en huit jours et sept nuits, dans les entrailles du Théâtre du Point du Jour.

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Crédit photos : Mickaël Draï 

Comme disait Jean Jaurès, politicien progressiste bien avant de devenir le nom d’une célèbre avenue : « Il ne peut y avoir de révolution que là où il y a conscience ». Et y a-t-il meilleur endroit qu’un théâtre pour les éveiller, justement, ces consciences ?

Le metteur en scène Olivier Rey, après L’Achat du Cuivre et Pressing, son talkshow théâtral hors les murs, revient dans le rôle de GO (grand organisateur), entouré d’une myriade de talents en tout genre, des comédiens, évidemment, mais également un clown, un dj, une illustratrice, un spécialiste des arts numériques… Sylvain Bolle-Reddat, Magali Bonat, Charlie Danancher, Anne Geay, Ivan Gouillon, Vergin Keaton, Magali Larché, Carl Miclet, Julien Ribeiro et Olivier Rey donc, squattent depuis le 5 décembre le théâtre du Point du Jour pour livrer, après 8 jours et 7 nuits d’occupation, un spectacle évolutif en trois réprésentations, fruit de cette expérience collective.

Avec ce concept révolutionnaire, véritable performance communautaire, Olivier Rey et sa troupe semblent soucieux d’imaginer de nouvelles formes de théâtre, autant dans sa représentation que dans sa conception.

« On essaie de trouver des façons différentes de travailler, d’inventer le théâtre, pour sortir des schémas traditionnels. On tente de laisser la singularité de chaque individu au sein de cette forme collective et pas du tout de faire une œuvre totalitaire. C’est un regroupement de gens plus qu’une identité unique. C’est une façon de répondre à l’urgence du moment par une urgence créatrice. Réfléchir ensemble de manière légère et ludique, sans se prendre au sérieux, à ce que veut dire ce mot « révolution », aujourd’hui sur une scène de théâtre. C’est une variation sur le thème de la révolution. On se gardera bien de livrer un programme politique. C’est plus un appel à se réveiller et à s’organiser ensemble. ».

 


Olivier Rey

 

Dans Révolution, il n’y a donc pas véritablement de metteur en scène. Ici pour chaque décision, on préfère le consensus à la majorité. Il faut alors trouver LA solution qui conviendra à tous, sans autorité divine pour indiquer la route.

« Parfois, c’est plus tranquille d’avoir un metteur en scène qui nous impose un rôle et une situation, soupire Sylvain Bolle-Reddat. Alors que cette « chose » est un peu déroutante. C’est la démocratie. On parle des heures sur ce qu’on fait. C’est utopique, poétique et beau. Mais parfois, dans le concret, c’est chiant. Parler trois jours pour installer un coin fumeur, c’est épuisant »

Le spectacle commencera donc à « l’heure de l’apéro » par une AG (assemblée générale) à laquelle le public participera avec un ordre du jour qui concernera d’une part la vie du campement, mais aussi le programme de la soirée, chaque participant proposant une séquence, une scène, un sketch voire une chanson. Puis, dans un second temps, viendra l’heure des festivités pour ripailler entre deux ateliers.

 


Sylvain Bolle-Reddat et Julien Ribeiro

 

Mais, à la vue de ce campement joyeusement organisé sur la scène du théâtre, impossible de ne pas songer au mouvement des Indignés, qui ont eux occupé l’espace public avec duvets et toiles de tente.

Pour Sylvain, « la référence, ce n’est pas que les Indignés, mais les piquets de grève où il y a une organisation pour tenir l’occupation, dormir, manger ».

Julien Ribeiro poursuit : « Ce n’est ni un hommage, ni une référence. Révolution, c’est un peu la deuxième partie. Ce qui vient après l’indignation. Je ne veux pas dire qu’on montre la suite, mais on l’évoque. L’indignation, c’est la colère. La révolution, c’est le moment où tu l’exprimes. Un peu comme passer de l’état gazeux, à l’état liquide ».

Olivier Rey est quant à lui persuadé que la mobilisation permettra une amélioration de la société. Et que son moyen d’expression à lui, c’est justement le théâtre. Sa partie se joue donc sur scène, avec le public.

« Notre métier, conclue-t-il, c’est de faire un spectacle. On ne prétend pas se mettre à la place des Indignés ou contrebalancer ce mouvement. Chez nous, c’est une méthode de travail qu’on a mis en place pour fabriquer ce spectacle. Ce n’est rien d’autre que du théâtre ».

Révolution. Du 12 au 14 décembre au Théâtre du Point du Jour, Lyon 5e.

 

 


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