Actualités, enquêtes à Lyon et dans la région

Nora Berra cherche des idées pour son parti

Et hop, un nouveau micro-parti à l’UMP. Nora Berra a lancé le sien hier soir, baptisé Esprit neuf. L’idée ? « Faire émerger des idées ».

Cet article est en accès libre. Pour soutenir Rue89Lyon, abonnez-vous.


Sauterie/

C’était la soirée des pots hier pour l’UMP. Michel Forissier, le maire de Meyzieu, recevait la légion d’honneur des mains de Michel Mercier, ministre de la Justice et président du Rhône. Le ghota de la droite locale assistait donc à la cérémonie, avant de transhumer pour une partie d’entre elle jusqu’à la péniche de la Plateforme, à quelques pas de là, où l’on avait préparé tribune et petits fours pour le lancement du mouvement de Nora Berra, Esprit neuf.

 

Nora Berra à la Plateforme
Crédit photo : Mickaël de Draï

 

La secrétaire d’Etat à la Santé et élue municipale a voulu montrer les muscles à ceux qui l’observaient d’un œil circonspect lorsqu’elle est arrivée en politique, et pour qui elle n’était que la « beurette de service ». Quelques figures ont donc fait le déplacement, et notamment Michel Noir, dernière gloire locale de l’UMP. Tous sont restés attentifs, pour certains goguenards devant les quelques maladresses de l’élue, en tout cas présents pour adouber officiellement « Nora, cette fille si chaleureuse », en tant qu’élue qui a « fait ses armes ». Et si la secrétaire d’Etat a attendu d’avoir un bilan à afficher pour montrer aux éventuels pisse-froid de quoi elle était capable, comme par exemple jurer sur les plateaux télé ne pas être en conflit d’intérêt avec les industries pharmaceutiques, elle a choisi de prendre le chemin inverse pour lancer son parti. La structure d’abord, les idées après.

Un mouvement pour trouver des idées

Esprit neuf a été présenté comme un think tank qui n’a pour vocation que celle de rallier des gens autour de forums, de débats d’idée. Il rejoint pour autant la multitude de micro-partis lancés par des élus et candidats UMP, stratégie permettant de détourner la loi de plafonnement des dons versés par des particuliers aux partis politiques.

Nora Berra expliquait hier soir que son Esprit neuf devait attirer « ceux qui ont envie de participer au débat politique mais ne se sentent pas de rejoindre directement un parti comme l’UMP ». Le concept, en résumé, est donc de souscrire à un micro-parti plutôt qu’à un gros.

Trois forums doivent être organisés en mars prochain, sur des thèmes aussi larges que vagues : l’économie, la protection sociale et l’éducation. Pas davantage de détails, l’idée étant justement de « faire émerger des idées ».

 

Nora Berra

 

Translate de Gaulle

Dans un discours dilué sur le désamour des Français pour les élus mais leur intérêt croissant pour la politique (pour preuve, les millions de téléspectateurs devant « les débats des primaires socialistes et l’interview du président de la République »), Nora Berra s’est fendue d’une autobiographie dédiée à « ceux qui ne la connaitraient pas ». Pas de raccourci : la secrétaire d’Etat s’est placée en héritière de de Gaulle, dont elle a traduit, lorsqu’elle était enfant, les discours télévisés pour ses parents. L’occasion pour elle de rappeler que sa famille est d’origine algérienne, que ses parents, aux revenus modestes, ont donné à leurs onze enfants une éducation rigoureuse.

« Le symbole d’une réussite à la française », pour Michel Havard, conseiller municipal UMP, qui a le sens du résumé.

 

Elle n’est pas candidate à la mairie de Lyon, « faut vous le dire comment ? »

C’est juré, « Esprit neuf » ne sert pas à préparer les municipales de 2014. Le raout de ce lundi soir a été organisé de façon à le marteler autant que possible. Sur la scène, le défilé des soutiens s’est fait selon un protocole propre à remettre chacun dans sa case. Michel Havard, porte-parole de l’opposition, a ainsi précédé Nora Berra à la tribune, annoncé comme le « candidat légitime » pour battre Gérard Collomb, le maire PS de Lyon, en 2014. Pas de problème entre lui et la ministre, a-t-il assuré. Quelques heures avant la petite sauterie, il nous répétait, un poil agacé :

« On ne sait plus ce qu’il faut faire, il y a eu 47 interviews, 50 déclarations, 38 articles, dans lesquelles Nora Berra a dit ne pas vouloir de la mairie de Lyon. Elle n’a pas changé d’avis. Et moi non plus! »

Présenté comme une plateforme de réflexion en vue des élections présidentielles puis des législatives, Michel Havard estime qu’ « Esprit neuf n’a pas vocation à faire du local ». D’autres hier soir étaient moins catégoriques, affirmant que le mouvement sera l’occasion de « réfléchir à une façon différente de faire de la politique sur Lyon, et au-delà ».

Pour sa part, Michel Havard envisage d’apporter éventuellement une contribution aux forums d’Esprit neuf, « en fonction des thèmes ». Pas sûr que les débats de ce nouveau micro-parti attirent autant de bonnes volontés que les pots de l’UMP.

 

Aller plus loin

Le plafonnement des dons faits aux partis politiques

L’UMP multiplie les micro-partis


#Esprit neuf

Activez les notifications pour être alerté des nouveaux articles publiés en lien avec ce sujet.

Autres mots-clés :

Plus d'options